Maddox et Xavier by Marie Potvin

Maddox et Xavier by Marie Potvin

Auteur:Marie Potvin [Potvin, Marie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Publié: 2019-07-01T22:00:00+00:00


Chapitre 25

Une grande responsabilité

— À qui parles-tu, tous les soirs ?

James me pose cette question sans me regarder, alors qu’il semblait se concentrer sur son prochain déplacement de pion.

— Comment est-ce que tu sais que je parle à quelqu’un?

Il hausse les épaules, toujours sans lever les yeux. Il place sa reine devant mon cavalier. Une décision bizarre, compte tenu du déroulement de la partie. Il aurait dû boucher son fou et manger ma reine. J’avais fait une gaffe, le tour d’avant. Comment ne l’a-t-il pas remarqué ?

— Je t’ai entendu parler dans ta chambre, et j’imagine que tu ne jases pas tout seul, dit-il.

— À Xavier.

J’allais dire « mon meilleur ami», mais je m’abstiens. Les paroles de Lisa me sont restées collées dans l’esprit: « Ne le déçois pas ! »

— C’est qui, Xavier ? Tu m’en as jamais parlé.

— Un vieil ami.

Au bout d’un silence, James me lance une question que je n’aime pas.

— Le seul en qui t’as vraiment confiance, c’est ça ?

Ses paroles, trop semblables à celles que j’ai dites à Xavier quelques jours plus tôt, me font figer. Je dois me calmer avant de parler. C’est peut-être une question innocente. Ou non. Est-ce que James écoutait à ma porte ? Un frisson de malaise me parcourt la colonne.

— Effectivement, j’ai confiance en Xavier…, dis-je prudemment. Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ?

James hausse les épaules, comme si ses propos étaient sans importance.

— Je passais devant ta chambre, et c’est ce que j’ai entendu. C’est quoi, cette face-là ? On dirait que t’as vu un revenant ! Je ne suis pas encore mort.

— C’est pas drôle. Parle pas de ta mort comme si c’était rien.

— Pourquoi pas ? Je vais bien présentement, mais ça peut changer. Je peux mourir cette année, ou dans soixante-dix ans. Selon les statistiques, j’ai 24 % de chances de survivre aux cinq prochaines années. Hé ! Arrête de me regarder comme si j’avais cruisé ta mère!

— Ma mère est morte, dis-je. Cette conversation ne va nulle part. Joue, c’est ton tour, dis-je en me levant.

— Tu vas où ? demande-t-il.

— Aux toilettes.

En réalité, j’ai besoin d’air. Je sors sur la terrasse. Il y a des chaises de rotin munies de coussins gris. Tout est top qualité et rien ne semble avoir jamais été en contact avec la pluie. Chez nous, si on laisse une chaise dehors, c’est sûr qu’en trois jours, elle est grise de saleté, d’humidité et probablement de crottes d’oiseaux. Mais pas ici. On dirait que tout est perpétuellement flambant neuf. Il en va ainsi pour les planchers, les meubles à l’intérieur… Il n’y a jamais une seule graine de poussière, ni la moindre tache qui donnerait l’impression que des humains vivent dans cette grande demeure. Est-ce que c’est ce que Lisa Crown fait de ses journées ? Elle vérifie l’état des racoins de murs et de sofas pour dicter à ses employés quoi laver ?

— Maddox ! Qu’est-ce que tu fais là ?

Parlant du loup. Lisa est à la porte, tasse de café en main,vêtue d’un pantalon si blanc qu’il en est éblouissant.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.