Les sept croix de plomb by Vernes Henri

Auteur:Vernes,Henri [Vernes,Henri]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Éditeur: AlexandriZ
Publié: 1963-01-07T23:00:00+00:00

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Jack Scare s’était tu. Il demeura de longs instants silencieux, le regard dans le vague. Puis il secoua les épaules et dit encore :

— La suite, vous la connaissez. Elle est digne de ce qui précède…

Le malheureux soupira, pour continuer :

— Si vous saviez comme je regrette d’avoir quitté Londres ! Mais, à l’époque, j’étais comme hypnotisé par ce trésor dont la possession nous aurait assuré, à ma famille et à moi, une existence exempte de tout besoin. Au lieu de cela, j’ai abandonné ma femme, ma fille ? Que sont-elles devenues ? Comme j’ai pensé à elles là-bas, à Yeluk-Yeluk ! Aussi, à présent, je n’ai plus qu’une hâte : regagner l’Angleterre pour les retrouver, me faire pardonner mon aveuglement, travailler pour leur assurer une existence peut-être médiocre, mais honnête…

Pendant que Jack Scare parlait ainsi, Bob Morane l’observait, se demandant si cet homme était sincère ou si, au contraire, il feignait le repentir. Ce débat intérieur dut se terminer à l’avantage de l’ex-bagnard, car Bob déclara, sur un ton aussi enjoué que possible :

— Rassurez-vous, monsieur Scare. Vos épreuves sont terminées à présent. Bientôt, nous atteindrons la Nouvelle-Guinée et, de là, vous pourrez gagner l’Angleterre et retrouver les vôtres…

Jack Scare hocha la tête en signe de doute.

— Si Zoltan me laisse en paix, fit-il. Maintenant qu’il croit à la réalité du trésor, il mettra tout en œuvre pour l’atteindre…

Cette conversation fut interrompue par Bill Ballantine, qui jeta, tendant le bras droit devant lui :

— Regardez ce qui s’amène là-bas…

Une épaisse nappe de brouillard envahissait la mer, bouchant l’horizon et, de quelque côté que les passagers du canot se tournassent, c’était la même chose.

— Nous sommes environnés de partout, fit Bob. Dans quelques minutes, nous serons en pleine purée de pois…

Les prévisions du Français devaient se révéler exactes, car la brume progressait à grande vitesse et, bientôt, elle submergea l’embarcation, à ce point épaisse que c’était à peine si les passagers pouvaient encore s’entr’apercevoir. Presque aussitôt, ce fut le calme plat, et la voile se mit à pendre lamentablement le long du mât, telle une inutile guenille.

— Tout ce qui nous reste à faire, dit Bill, c’est mettre le moteur en marche.

— Non, fit Morane. Si le Taïpeh passait de ce côté, nous ne le verrions pas, et nous risquerions d’être repérés au bruit du moteur. Mieux vaut nous laisser dériver en demeurant en éveil…

— M. Morane a raison, intervint Jack Scare. Mieux vaut demeurer dans l’expectative en attendant que ce brouillard se dissipe…

Afin de se protéger contre l’humidité, les trois hommes s’enveloppèrent de leur mieux dans des couvertures et s’installèrent au fond du canot, tout en ayant soin cependant de demeurer constamment en éveil.

Combien de temps dura cette attente ? Plusieurs heures assurément. Bob Morane et ses compagnons s’étaient restaurés frugalement, quand un bruit caractéristique frappa leurs oreilles, celui de puissants moteurs diesel indiquant qu’un bateau de fort tonnage était proche.

— Le Taïpeh ! murmura Bill.

— Sans doute, fit Morane sur le même ton. Il ne doit pas

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