Louis XIV by Philip Mansel

Louis XIV by Philip Mansel

Auteur:Philip Mansel
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Humensis
Publié: 2020-08-13T08:18:16+00:00


CHAPITRE 18

La France contre l’Europe

Ultima ratio regum. [La force est] « le dernier argument des rois ». C’était la devise souvent inscrite sur les imposants canons en bronze de Louis XIV, sous la couronne royale et le blason aux trois fleurs de lys. En 1688, le roi de France possédait au moins 13 000 canons : on peut encore en découvrir des exemples dans la cour des Invalides. Ces armes n’étaient pas seulement son « dernier argument », puisqu’elles étaient aussi souvent le premier1. Ce ne fut pas Voltaire (comme on le répète fréquemment), mais le principal secrétaire de Louis XIV, Toussaint Rose, président de la Chambre des comptes de Paris, qui écrivit le premier que « Dieu était pour les gros escadrons et les gros bataillons contre les petits et des armées de même2 ».

En septembre 1688, lorsque Louis avait décidé d’attaquer la Rhénanie, ses formes armées étaient au faîte de leur puissance. L’un de ses officiers, M. de La Colonie, en gardait ce souvenir : « On ne parlait plus que de guerre et toute la jeunesse du royaume était dans une si grande émulation qu’elle ne respirait plus qu’à suivre le torrent des nouvelles levées qui se faisaient chaque jour3. » À partir du 20 novembre, on se servit des registres des impôts comme d’un moyen pour recenser et enrôler une recrue, avec pour base 2 000 livres de taille acquittées par une paroisse (un calcul tout théorique). Dans la pratique, les soldats étaient pour la plupart recrutés en usant de l’attrait des « primes » d’enrôlement et, la situation économique se dégradant, les repas réguliers que garantissait la condition militaire4. Les milices provinciales, réformées et renforcées par Louvois, fournissaient une autre source de recrues pour l’armée. La tradition féodale appelait les nobles sous les armes, mais ceux-ci obtenaient souvent de commuer leur service militaire en versant des impôts plus élevés5. En 1693, l’armée atteignit un seuil de quelque 320 000 hommes et 20 000 officiers6.

Louvois, qui jouissait de la plus haute faveur, avait continué son œuvre de modernisation de l’armée. Exceptionnellement travailleur, même pour un ministre de Louis XIV, il était secondé par pas moins de 30 hauts administrateurs qui occupaient des bureaux dans l’hôtel de la Surintendance à Versailles ; depuis la mort de Colbert, il exerçait également la fonction de surintendant des Bâtiments7. Des dispositifs de paie et de promotion par ancienneté devinrent la norme. Après 1680, des régiments de carabiniers furent créés. Dès les années 1690, à peu près 160 casernes avaient été construites, des hôpitaux modernisés et les uniformes standardisés ; les gardes et régiments personnels du souverain, comme le Régiment du Roi, endossaient une livrée bleue, le reste de l’armée le gris, les gardes suisses le rouge8. En 1705, les mousquets et les piques avaient été remplacés par des fusils à baïonnette. Les officiers surpris à détourner la solde ou les rations de leurs soldats pour leur propre compte étaient sévèrement punis ou emprisonnés9.

L’ambassadeur du Brandebourg, Ézéchiel Spanheim, réputé pour être



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