Louis XIV by Éric Deschodt

Auteur:Éric Deschodt
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions Gallimard
Publié: 2013-07-14T16:00:00+00:00

1670 commence. Colbert est au zénith. Saint-Maurice n’hésite pas à écrire : « Il n’y a pas de ministre qui soit mieux que M. Colbert », ajoutant naïvement que « s’il voulait, dès cette heure, il serait le premier et gouvernerait avec autant d’autorité que l’a jamais fait le cardinal Mazarin6… »

À Versailles sort de terre le Trianon de porcelaine, ainsi nommé pour les carreaux de couleur dont il est revêtu. On s’ébahit devant cette merveille qui cessera très vite de plaire et sera rasée. Le 31 mars naît le duc du Maine, de Mme de Montespan, qui sera le préféré des bâtards du roi.

1671. L’humeur en France est belliqueuse après la Dévolution qui l’a laissée sur sa faim. On est grand, on est fort, pourquoi se gêner ? Colbert s’inquiète et Louvois prend la main. La charge de chancelier des ordres du roi7, par exemple, est vacante. Les deux rivaux la briguent. Louvois l’emporte, malgré Mme de Montespan qui, alliée de Colbert, s’est jetée en sa faveur aux genoux du roi. Colbert s’en montre fâché au conseil d’En-haut. Louis XIV, le 24 avril, lui fait porter cette lettre :

Je fus assez maître de moi avant-hier pour vous cacher la peine que j’avais d’entendre un homme que j’ai comblé de bienfaits comme vous me parler de la manière que vous faisiez. J’ai beaucoup d’amitié pour vous, il y paraît par ce que j’ai fait ; j’en ai encore présentement et je crois vous en donner une assez grande marque en vous disant que je me suis contraint un seul moment pour vous, et que je n’ai pas voulu vous dire moi-même ce que je vous écris, pour ne pas vous commettre à me déplaire davantage. C’est la mémoire des services que vous m’avez rendus et mon amitié qui me donnent ce sentiment ; profitez-en et ne hasardez plus de me fâcher encore, car après que j’aurai entendu vos raisons et celles de vos confrères, et que j’aurai prononcé sur toutes vos prétentions, je ne veux plus en entendre parler. Voyez si la marine ne vous convient pas, si vous ne l’avez pas à votre mode, si vous aimeriez mieux autre chose ; parlez librement. Mais après la décision que je donnerai, je ne veux pas une seule réplique8…

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