L'ombre d'une imposture by Marie Vincent

L'ombre d'une imposture by Marie Vincent

Auteur:Marie Vincent [Vincent, Marie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Éditeur: Les Lettres Mouchetées
Publié: 2017-12-03T23:00:00+00:00


— JP, je pense qu’à ce stade, il est nécessaire que tu m’en dises plus sur ton père. Il était italien n’est-ce pas ?

Voilà la première chose que tu me dis après m’avoir ouvert la porte, le lendemain.

Zut, mon mafioso de père, je l’avais presque oublié celui-là. J’aurais cent fois préféré que tu me poses des questions sur ma mère russe étant donné que j’avais passé la soirée de la veille à cuisiner la belle Sveltana, afin d’ajouter du grain à moudre à mon histoire de descendance slave. Mais bon… je m’attendais à ce qu’un jour ou l’autre soit jetée sur le tapis la question de mes origines du côté paternel. Après le château de ma mère… la gloire de mon père. Comme je n’avais pas assez potassé le sujet pour pouvoir être assez exhaustif, je tentai de m’en sortir par une pirouette :

— Sicilien plus précisément, mais ce ne sont que des suppositions, des histoires racontées par ma grand-mère.

Je me lançai alors dans la description d’un père mafioso, membre éminent de la Cosa Nostra, te racontai son histoire. J’étais le fruit de la relation qu’il avait eue avec une belle aristocrate russe, Alexia, venue à Palerme en villégiature. Le beau Sicilien ayant fauté et l’adultère notoire étant strictement interdit dans l’honorable société, Vito… c’était son nom… avait eu de la chance, car il avait été simplement exclu… Malheureusement, quelques années plus tard… il fut retrouvé… mort…

J’improvisai au fur et à mesure, guidé par tes réactions. Je voulais que mes mots soient des amants, comme les cloches du Vatican vers lesquelles tout mafioso, qui se respecte, est attiré le dimanche, inexorablement.

Je poursuivis :

— Mort… assassiné par son propre fils, mon demi-frère donc… l’enfant que mon père avait eu avec son épouse officielle… Carla.

J’ajoutai que, d’après les dires de ma grand-mère, c’est Carla qui avait commandité le meurtre. Plus que l’infidélité, elle n’avait pas supporté que ce cocufiage éhonté soit rendu public. Ne jamais se moquer d’une Italienne amoureuse. Et bla-bla-bla… Plus je parlais, plus j’y croyais. Quelle agréable sensation de se sentir italien pour un instant ! J’étais brun, j’étais séduisant, et j’en venais presque à me demander si je n’allais pas la rater, cette fameuse messe dominicale.

Au bout de quelques minutes, tu me donnas l’impression d’être rassasiée. D’un petit signe du menton, tu m’intimas l’ordre de me taire.

— Merci JP, tu m’as donné tout ce dont j’ai besoin.

Puis en me regardant avec des yeux remplis d’un mélange de pitié et d’admiration, des yeux couleur suie mouillée, tu ajoutas :

— Quand même, ton histoire, elle n’est pas banale. Ton père assassiné, ta mère qui se suicide quelques années après, parce qu’elle ne peut pas surmonter son chagrin d’amour. Quelle terrible, terrible histoire ! La réalité dépasse parfois la fiction, tu ne crois pas ?

Dans ta voix, j’ai cru déceler une pointe de moquerie, mais je me faisais sans doute des idées.

— On se demande comment tu as fait pour t’en sortir…

Oui, moi aussi je me le demandais.

Tu m’observas, de longues minutes, et j’eus vraiment le sentiment à ce moment-là que tu m’avais démasqué.



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