L'ombre du shrander by M. John Harrison

L'ombre du shrander by M. John Harrison

Auteur:M. John Harrison [Harrison, M. John]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
ISBN: 2265077267
Publié: 2002-01-04T23:00:00+00:00


DIX-HUIT

Le cirque du Pathet Lao

Quelques heures après avoir descendu Evie Cray, Ed Chirnois se retrouva sur le terrain vague derrière le terrier des Hommes Nouveaux.

Il y régnait une obscurité totale que perçaient, sous des angles insolites, des éclairs de lumière blanche provenant des docks. De temps en temps, un vaisseau classe K jaillissait de ses cales sur une colonne verticale de produits de fusion et, pendant deux ou trois secondes, Ed discernait de petits monticules, des fosses, des mares, des entassements d’objets technologiques défectueux. Partout une odeur de métal et de produits chimiques. Une vapeur s’exhalait des chantiers comme une brume tenace. Ed recommençait à vomir, et les voix du caisson étaient revenues dans sa tête. Il jeta les armes dans la première mare qu’il trouva. Putain d’existence ! Et il avait fini par tuer quelqu’un. Il se revit en train de frimer devant Tig Vesicule :

— Quand on a fait tous les trucs qui en valent la peine, on est forcé de se mettre aux trucs qui valent pas la peine.

Une petite fumée s’échappa de la mare, comme si elle ne contenait pas seulement de l’eau de pluie. Peu après s’être débarrassé des armes, il trouva un pousse-pousse abandonné. Le véhicule se matérialisa soudain devant lui – hors contexte, une roue dans un trou inondé – dressé à un angle bizarre sous le ciel. Détectant son approche, des pubs sortirent en rampant sur les côtés du toit et fusionnèrent en une douce lumière dans l’air juste au-dessus. Un indicatif musical démarra. Une voix se répercuta d’un bout à l’autre du terrain vague :

— L’Observatorium et Espace Karma Authentique de Sandra Shen Incorporant le Cirque du Pathet Lao !

— Non, merci, dit Ed. Je continue à pied.

C’est à la lueur d’une nouvelle déflagration dans les chantiers spatiaux qu’il découvrit la conductrice du pousse. À genoux, courbée entre les brancards, elle respirait avec une sorte de sifflement rauque et soufflait en grognant. De temps à autre, tout son corps se raidissait, aussi tendu qu’un poing fermé, et elle se mettait à trembler. Puis elle semblait se détendre à nouveau. Une ou deux fois, elle rit toute seule et dit : « Hé, mec. » Elle était occupée à mourir comme elle avait été occupée à vivre : en faisant l’impasse sur tout le reste. Ed s’agenouilla près d’elle. C’était comme s’il s’agenouillait près d’un cheval renversé.

— Tiens bon, dit-il. Ne meurs pas. Tu vas t’en sortir.

Il l’entendit rire douloureusement.

— Qu’est-ce que t’en sais, connard ? dit la fille d’une voix étouffée.

Il sentait la chaleur s’échapper à flots de son corps. Il avait l’impression qu’elle allait fuir ainsi, à toute vitesse, jusqu’au bout, et qu’elle ne serait jamais remplacée. Il essaya de l’entourer de ses bras pour retenir cette chaleur. Mais elle était trop grosse, alors il se contenta de lui tenir la main.

— Tu t’appelles comment ? dit-il.

— Qu’est-ce que ça peut te faire ?

— Si tu me dis ton nom, tu ne peux pas mourir, expliqua Ed. C’est comme si on était entrés en contact, quoi.



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