L'odyssée de Lomé by Alexiane de Lys

Auteur:Alexiane de Lys [Lys, Alexiane de]
La langue: fra
Format: epub
Tags: ZP Jeunesse
Éditeur: Éd. Michel Lafon
Publié: 2019-04-10T22:00:00+00:00

– 28 –

Lorsque je me réveille, il fait déjà jour. Les rayons du soleil baignent la chambre d’une lueur dorée, comme si l’astre lui-même s’était invité à l’intérieur.

Ce matin, la Puissance est quasiment imperceptible. Un soupçon d’appréhension m’envahit. Étonnamment, je me sens nue sans elle, je m’étais presque habituée à la sentir pulser rageusement en moi.

Je m’étire en m’asseyant et me tétanise quand je constate que ni Naoli ni Iollan ne sont là. Je suis seule dans la pièce.

Prise d’une anxiété soudaine, j’écarte les draps et m’habille rapidement. C’est en me baissant pour mettre mes chaussures que je vois le mot posé sur la table de chevet. Un sourire s’épanouit sur mon visage quand j’en réalise la nature.

Iollan a dessiné un plan de la forteresse. Tout y est très détaillé et l’échelle me semble exacte. Il y a une petite croix noire sous les mots « Tu es là », et une autre croix, rouge celle-là, indiquant « Je suis là ». Entre ces deux croix, Iollan a tracé une ligne que je suis censée suivre si je veux le retrouver. En bas de la feuille, il a ajouté quelques mots espiègles :

« Voyons si tu as le sens de l’orientation d’une fille. »

Je ris et me chausse rapidement. Je sors ensuite et, en m’aidant du plan, je me dirige sans hésiter vers l’escalier qui mène au palier. Mais au lieu de prendre tout droit pour sortir de la forteresse, je prends la direction opposée et cours pratiquement dans le château en évitant les colonnes et les couloirs qui s’enfoncent dans le bâtiment.

J’émerge finalement sur une cour intérieure baignée de soleil, aux dalles en pierres grises poreuses.

Un bruit d’épées qui s’entrechoquent me fait sursauter. Intriguée, je m’avance et découvre, au beau milieu de la place, Iollan et Maïkan qui croisent le fer. Ils rient comme des gamins en se provoquant. Tous les deux sont torse nu et je dois avouer que le spectacle me ravit au-delà des mots. Maïkan est très bien fait, mais je n’ai d’yeux que pour Iollan.

– Tu ramollis, petit frère, raille Maïkan en fendant l’air avec son immense épée. Tu étais plus agile, dans le temps.

Le prince esquive facilement la feinte et fait tournoyer son arme, un large sourire sur le visage.

– Et toi, tu parlais moins, Maïki. Tu sais ce que disait maître Torain : « Quand on ouvre la bouche durant un combat, on perd la moitié de ses capacités. »

Le prince, plus vif qu’une panthère, passe à l’attaque. Maïkan esquive, et les deux épéistes échangent une série de coups plus rapides et compliqués les uns que les autres. C’est fascinant de les voir se battre avec autant d’aisance. Je m’aperçois que j’essaie de reproduire leurs gestes, planquée derrière ma colonne.

Les deux frères finissent par croiser leur épée et aucun ne semble vouloir lâcher la sienne. C’est à celui qui arrivera à désarmer l’autre.

Iollan recule d’un coup et fait perdre l’équilibre à Maïkan. Le temps d’une demi-seconde. Mais cela suffit au prince pour faire voler l’épée de son adversaire dans les airs et la récupérer au passage, fier comme un paon.

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