L'odeur by Inconnu(e)

L'odeur by Inconnu(e)

Auteur:Inconnu(e) [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Lit. indienne
Publié: 2012-10-17T14:13:45+00:00


12

Maeve s’est mariée un samedi après-midi de la fin août à l’église Notre-Dame des Victoires.

Je m’y suis rendue seule. Bruno et moi avions été invités chacun de notre côté. Le carton de Bruno était aussi adressé à Catherine, mais elle avait bâillé en le voyant et l’avait jeté sur un meuble.

— Je ne vais pas décevoir maman et les enfants en manquant le week-end pour assister au mariage d’une parvenue. Lili peut nous représenter. Elle m’a adressé un regard las : Elle est de nos amis, après tout.

Puis elle s’est retournée sur le lit pour que je puisse lui masser l’autre côté du dos. J’avais envie de lui enfoncer les ongles dans la chair et je ne me contrôlais qu’avec peine.

— Et puis les enfants ont besoin de grand air. Paris est devenu surpeuplé. Tout le monde respire les microbes du voisin.

— C’est une sage décision, ma chérie, a dit Bruno. Il s’est avancé vers le lit d’un pas nonchalant et s’est penché pour lui poser un baiser derrière la tête avec un clin d’œil dans ma direction. J’ai feint de ne rien voir.

La nuit précédente, nous nous étions disputés âprement. Notre relation était devenue de plus en plus tendue, oscillant entre la jalousie et la passion de la part de Bruno, la susceptibilité et l’indifférence de mon côté. J’étais encore sous le coup de ses paroles blessantes. Je l’ignorais ostensiblement.

Il s’est agenouillé près du lit tandis que je continuais à masser Catherine, et s’est mis à lui caresser la nuque tout en m’implorant des yeux. Je regardais nos quatre mains posées sur le dos osseux de sa femme. Quelle drôle de groupe nous formons, ai-je pensé avec amertume. Catherine a rompu le silence :

— Alors tu es d’accord avec moi au sujet de Paris ?

— Bien sûr, ma chérie, a-t-il répondu d’un ton absent sans cesser de me fixer. Je lui ai adressé l’ombre d’un sourire. Son visage s’est éclairé.

Tout à coup, Catherine s’est retournée et a attiré la tête de Bruno vers elle. Je me suis écartée mais, arrivée à la porte, je n’ai pas pu me résoudre à sortir. Je l’ai entendue dire :

— Alors, on vend cette maison et on emménage dans le château de maman ? Il y a beaucoup plus de place là-bas et les enfants seront au grand air tout le temps.

— Mais… mais et ton travail ? a-t-il improvisé. Tu sais bien que tu ne peux pas quitter Paris.

— Je pourrais vendre cette immense baraque et acheter un petit appartement, un pied-à-terre. Toi, tu pourrais rester là-bas et travailler en paix.

— Mais comment ça ? Et le bureau ?

— On aurait suffisamment d’argent pour que tu n’aies plus jamais besoin d’y aller. Tu accuses toujours ton travail d’interférer avec ta vocation d’artiste. Chez maman, c’est gigantesque, tu auras tout l’espace dont tu as besoin pour t’isoler. Pourquoi tu ne viendrais pas avec moi ce week-end pour étudier la question ?

Sa voix avait changé. Une corde d’acier semblait se tendre sous les syllabes égrenées avec une douceur étudiée.



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