Li Po by Hervé Collet Cheng Wing fun

Auteur:Hervé Collet, Cheng Wing fun
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782226214768
Éditeur: Albin Michel

Au début du printemps 747, décidant de se rendre à nouveau au pays de Shan pour visiter les montagnes célèbres au-dessus de la mer de Chine, Li Po dit adieu à ses amis du pays de Lu.

Excursion en rêve au Tien-mu-shan,

chant d’adieu

le voyageur des mers parle des îles Ying,

perdues dans le brouillard et les hautes vagues, si difficiles à trouver

les gens de Yue parlent du Tien-mu,

qu’on aperçoit dans une éclaircie au milieu des nuages et des brumes

le Tien-mu rejoint le ciel, barrant l’azur

sa silhouette, plus majestueuse que les cinq montagnes sacrées, écrase le Rempart rouge

le Tien-tai, pourtant haut de quatre cent quatre-vingt mille pieds,

à côté semble ramper vers le sud-est

dans le rêve je me rends à Wu et Yue

la nuit, sous la lune je survole le Lac du miroir

sur le lac la lune éclaire mon ombre

elle m’accompagne jusqu’au torrent de Shan

la demeure de Hsieh Ling-yun80 est toujours là,

où les eaux limpides ondulent, où retentit le cri perçant des gibbons

les pieds chaussés des sandales de Hsieh,

je grimpe l’escalier vers les nuages bleus

à mi-falaise je vois le soleil sortir de la mer

dans le ciel retentit le chant du Coq céleste

mille rochers, dix mille tournants, le chemin est incertain

perdu dans les fleurs je m’appuie à un rocher, quand soudain il fait sombre

les ours grondent, les dragons vrombissent, les cascades tonnent

ils sèment la terreur au profond des forêts, font trembler les pics rassemblés

les nuages sont noirs, noirs, la pluie menace

les eaux scintillent, la brume se lève

les éclairs jaillissent, sous les coups de tonnerre les pics s’écroulent

la Porte en pierre de la Grotte céleste dans le fracas s’ouvre,

sur un ciel infini, immense, dont on ne voit pas le fond

le soleil et la lune éclairent la Terrasse d’or et d’argent

vêtus d’arc-en-ciel, chevauchant le vent,

les dieux nuages, innombrables, descendent du ciel

des tigres jouent de la lyre, des phénix tirent des carrosses

les immortels sont alignés en rangées, comme du chanvre

soudain mon esprit s’agite, mon âme tressaille

ébahi je m’éveille et longuement soupire

au réveil plus que l’oreiller et la natte

nuées et brumes de tout à l’heure, évanouies

les plaisirs de ce monde sont ainsi

les dix mille choses, depuis les temps antiques,

sont comme les eaux qui coulent vers l’est

adieu, je ne sais quand je reviendrai

mon cerf blanc pâture sur les falaises bleues

bientôt sur son dos j’irai visiter les montagnes célèbres

froncer les sourcils et fléchir le dos devant l’autorité,

cela empêche mon cœur et mon visage de s’épanouir

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