L'hérétique by Machureau Christine

Auteur:Machureau, Christine [Machureau, Christine]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman, Historique
ISBN: 9782897177287
Éditeur: Numeriklivres
Publié: 2014-09-02T22:00:00+00:00

Chapitre 22

Au lendemain de cet épisode éprouvant, quoique vacillante, Margot fut convoquée par Simon de Montfort. Mandrague l’accompagnait. Une écharpe de lin brun soutenait son bras dont le pansement avait été refait suivant les indications du Templier. La plaie restait rouge et gonflée, mais il n’y avait pas d’infection pour le moment.

— Il me tardait de voir quelle était la jeune fille qui avait protégé la nuque d’Amaury. Comment va votre bras ?

— Il guérira, Monseigneur.

La jeune fille montrait un visage grave, sans état d’âme apparent.

— Que veux-tu comme récompense ?

— Il n’en est point besoin, Monseigneur.

Elle n’avait pu ce matin enfiler une robe entièrement. La vieille dame chez qui elle logeait avait attaché la manche du bras gauche dans son dos et l’avait couverte avec un gilet de cuir, sans manches, trop grand pour elle. Simon de Montfort était en broigne de cuir clouté et l’on distinguait des braies sous la robe un peu courte qu’il arborait. Curieux accoutrement.

— Alors, il faut que tu acceptes ceci. Je ne saurais rester avec une dette !

Il tendit une bourse que l’on venait de lui donner.

— Tu dois aussi recevoir quelque chose de mon fils…

Amaury se tenait la tête penchée près de la fenêtre et lui fit signe d’approcher, ce qu’elle fit de mauvaise grâce. Il lui désigna la cour. Au centre, on voyait une très belle jument alezane, sellée de neuf.

— Nous savons que vous suivez Hugues de Mandrague jusqu’en sa commanderie… Vous serez plus en sécurité sur Bella que sur votre vieille jument…

Si ces Seigneurs attendaient confusion et remerciements abondants, ils furent déçus. Ils mirent son attitude sur le compte de la timidité. Seul, Mandrague savait que l’on risquait l’incident diplomatique ! Margot inclina la tête et leva les yeux sur le Templier qui comprit l’urgence de se retirer.

Arthur l’aida à rentrer vers sa chambre. Leurs gestes étaient d’une tendresse inaccoutumée. Le sergent n’avait pas fait vœu de chasteté, mais il n’était pas courant pour un Templier d’avoir un sergent amoureux… Margot adossée dans son lit exerçait ses doigts. L’annulaire de la main gauche semblait paralysé. Elle insistait. Droitière, elle pourrait donc toujours broder, trois doigts de la main gauche étant suffisants pour maintenir le cercle à broder. Arthur partait récupérer Bella, la jument alezane, et sa sellerie neuve. Cela représentait quelques jaunets… Elle resta seule presque toute la journée. Sa vieille logeuse vint lui porter un brouet.

Avant la tombée du jour, Hugues et le sergent passèrent la voir afin de vérifier son pansement. Margot était un peu fiévreuse, mais la plaie était belle.

— Demain, il faut sortir. Une bonne marche dans la ville vous fera du bien. Je vais m’absenter trois jours à suivre Simon de Montfort.

— Il va prendre Toulouse ? intervint Arthur.

— Tout le monde pouvait le pressentir, mais contre toute attente… ce n’est pas prévu. Il est étonnant qu’il ne profite pas de la victoire présente…

Jamais Hugues le Templier n’avait parlé si longuement des faits et gestes de Simon de Montfort. Il fallait que son interrogation, ses doutes et son questionnement soient bien forts.

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