L'essence de la vie by Bernard Ollivier

Auteur:Bernard Ollivier [Ollivier, Bernard]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science, Life Sciences, Ecology, Nature, Political Science, General, Business & Economics, Development, Sustainable Development
ISBN: 9782081474086
Google: xPx9DwAAQBAJ
Éditeur: Arthaud
Publié: 2019-01-07T23:00:00+00:00

Je viens du Maine-et-Loire. J’ai un bac lettres et maths ainsi qu’un Deug de philosophie. Après, je suis entrée dans une usine qui fait de la sous-traitance électronique. On travaillait pour le médical et les portables. Je faisais de la soudure sous loupe électronique. C’est quelque chose de très précis. Comme un microscope. J’ai démissionné ce mois de juillet, après avoir fait ça pendant vingt ans. Je n’en pouvais plus. J’ai rencontré mon mari dans l’entreprise. Nous avons cinq enfants, des garçons de 2 à 17 ans. Ça bouge dans notre maison à la campagne. C’était ce qu’on voulait.

J’ai démissionné, parce que plus ça allait, moins ça allait avec l’entreprise. Je faisais les horaires qu’on me demandait, les heures supplémentaires. Mais ça me convenait de moins en moins. Je lis beaucoup et plus je lisais et moins je m’impliquais dans le travail. On m’a déplacée vers une équipe où ça allait moins bien, les gens s’insultaient. Le chef d’équipe a justifié mon transfert en disant que dans cette équipe ingérable, j’avais ma place car je m’entendais avec tout le monde.

J’ai fini par m’arrêter pour « épuisement ». J’ai craqué. J’ai pris un congé parental de deux ans quand j’ai eu Jean, mon dernier fils. Mais on a refusé que je reprenne le travail à 80 %. Mon travail n’avait plus de sens sinon le salaire à la fin du mois. J’ai demandé une rupture conventionnelle, qui a été refusée, j’ai démissionné.

En 2013, j’attendais mon dernier fils. Pendant que les enfants étaient à l’école, je suis allée au jardin et j’ai ressenti un bien-être formidable. J’y suis retournée tous les jours. J’ai dit à mon mari le plaisir que j’avais et lui avait le même. Alors, on a orienté nos lectures, on a découvert Le Bec-Hellouin et découvert en même temps qu’il y avait des gens qui vivaient différemment.

Derrière notre petit étang, il y a un champ qui appartient à un agriculteur bio. Il avait constaté qu’on passait beaucoup de temps au jardin. L’an dernier, ses vaches avaient traversé et étaient en train de brouter notre pelouse ; quand il est venu les récupérer, on lui a dit qu’on adorait ça, le jardin. Il a dit : « Eh bien, je vais vous laisser un bout de terrain. » Il nous a finalement proposé de prendre toute la parcelle, 3 000 mètres carrés. « Je vous laisse la parcelle pendant un an. Si c’est trop lourd, je la reprends, sinon, je vous la vends. »

On a planté des arbres, une trentaine de fruitiers. Paul, un de nos enfants, adore les volailles et s’en occupe avec passion. Il pourra avoir plus de place pour les poules sous les arbres.

On a commencé en avril à faire des planches de culture après que notre ami cultivateur a passé le tracteur. On voulait faire tout à la grelinette, mais là c’était un peu trop. J’ai cherché une formation qui corresponde exactement à ma recherche. Et me voilà. Je finance mon stage puisque je n’ai pas de chômage.

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