Les trois rois de cologne by Kate Sedley

Les trois rois de cologne by Kate Sedley

Auteur:Kate Sedley [Sedley, Kate]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782264048721
Publié: 2007-01-05T00:00:00+00:00


CHAPITRE XI

Avec la lumière du jour vinrent les remords, déferlant sur moi en vagues immenses, ainsi qu’une sensation de plénitude et de plaisir. Pour la première fois en quatre ans de mariage, j’avais été infidèle à Adela. Je tournai la tête sur l’oreiller et trouvai Juliette bien réveillée, qui me fixait de ses yeux de velours, rieurs et contrits.

— Oh, mon Dieu ! dit-elle, se soulevant sur un coude pour m’embrasser à la base du nez. Je vois que vous regrettez déjà la nuit dernière. C’était entièrement ma faute. Je vais être tout à fait honnête et admettre que j’ai résolu de vous séduire à l’instant où je vous ai vu. Mais je ne pensais pas que ça vous affligerait autant.

— Cela ne m’afflige aucunement, protestai-je avec galanterie. Ce fut la plus heureuse des expériences, croyez-le. D’ailleurs, ça ne serait pas arrivé si votre oncle était rentré comme prévu…

Elle posa un doigt léger sur mes lèvres.

— Je savais qu’il s’absentait pour la nuit. Il n’avait pas l’intention de revenir avant ce matin. Je vous ai menti, Roger, j’en ai peur. Êtes-vous très fâché contre moi ? demanda-t-elle avec une petite moue triste.

L’ennui, c’est que je n’avais pas le cœur de lui en vouloir si peu que ce fût. Je me sentis plus coupable que jamais. Il me faudrait démêler ces sentiments et décider si, oui ou non, j’allais dire la vérité à Adela ; mais pour l’instant je n’avais conscience que du corps tendre de Juliette près du mien et du désir de l’aimer encore. À peine la pensée s’était-elle formée dans mon esprit qu’elle se trouva dans mes bras. La suite était inévitable.

Bien après l’aube et la fin du couvre-feu, nous nous levâmes enfin, et Juliette regagna sa propre chambre. Elle m’apporta de l’eau chaude pour me raser et m’indiqua la pompe dans l’enclos derrière la maison. Le temps que je finisse de m’habiller, une odeur appétissante de bacon et de gâteaux frits me parvint de la cuisine. Guidé par ce fumet, je trouvai Juliette une poêle dans une main, une cuiller en bois dans l’autre, les joues rosies par la chaleur du feu. Hercule faisait le beau en quémandant de la nourriture de son air le plus attendrissant.

— Ne faites pas attention à lui. Il est capable de trouver seul sa pitance, si vous avez dans la maison des rats et des souris. Autrement, n’importe quels vieux restes iront très bien.

Elle secoua la tête en riant et coupa une tranche de viande en deux, puis lui lança la plus grande part.

— Tel maître, tel chien ! déclara-t-elle en empilant du bacon sur une épaisse tranche de pain rassis, qu’elle compléta par des gâteaux frits avant de l’apporter à table. Vous avez tous les deux un solide appétit.

Elle s’assit en face de moi et entama son déjeuner.

— Maîtresse Gerrish… commençai-je, aussitôt conscient du ridicule de cette forme d’adresse vu les circonstances. Juliette…

Je m’interrompis, ne sachant comment continuer. Elle leva les yeux, un sourire radieux aux lèvres.

— Tout va bien, Roger.



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