Les trois âges - Intégrale by J P Taurel

Auteur:J P Taurel [Taurel, J P]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Historique
ISBN: 9791091325592
Éditeur: Éditions Hélène Jacob
Publié: 2014-09-21T22:00:00+00:00

Chapitre 25 – La vie tranquille au sanatorium

Quinze jours plus tard, ils roulaient sur la nationale 85 en direction du nord. Anne-Marie était au volant. Sur les conseils de Paul, elle avait à nouveau évité la nationale 7, car un événement nouveau avait éclaté comme une bombe dans les journaux et les radios du pays. On était le 10 mai 1940… la drôle de guerre, c’était fini, les Allemands lançaient l’offensive sur Sedan par le nord, au travers du massif des Ardennes.

Giaco, aux côtés de sa femme, dépliait et repliait son journal nerveusement.

— Tu te rends compte, les cons, les triples cons. Je les avais mis en garde pendant les travaux, car les fortifications de la ligne Maginot sont très faibles à cet endroit. Ils ont rejeté mon hypothèse d’un revers de main et je l’entends encore ce grand-père de colonel : « Vous ne pensez tout de même pas que les Allemands vont passer par le nord et traverser le Luxembourg. Encore faudrait-il qu’ils affrontent le massif des Ardennes ! Trop compliqué. »

— Calme-toi mon chéri, tu n’y es plus, tu es moins concerné.

— Tu as raison je n’y suis plus, mais les copains eux, ils y sont. C’est certain, ils vont se faire prendre à revers et ce sera un carnage.

Depuis une heure, Anne-Marie affrontait la montagne – souvent en seconde, car la voiture peinait – et bientôt ils décidèrent de s’arrêter pour laisser refroidir le moteur. Giaco déclara qu’il avait faim alors qu’il n’était pas encore midi ; elle sourit et se dit que la maladie ne devait pas être en évolution. Le médecin de Nice, un vieil ami de Georgio, lui avait enseigné que la reprise de l’appétit était un très bon indicateur du suivi de la maladie.

Elle enfonça la Traction dans un chemin en sous-bois et, dans la tranquillité du lieu, les deux voyageurs se régalèrent du petit repas de campagne préparé la veille.

— Nous avons rendez-vous avec Marie-France à la fin de son service, nous coucherons chez elle et monterons demain matin au sana.

Le pique-nique fut égayé par des charcuteries piémontaises et un gros gâteau niçois que Giaco sortit triomphalement du coffre de la Citroën. Quelques kilomètres plus tard, ils entraient dans le village ensoleillé de La Chapelle-en-Vercors et frappaient à la porte de Marie-France. Elle les attendait, un peu inquiète.

— Le voyage s’est-il bien passé ? On n’est sûr de rien, par ces temps agités.

— Aucun problème particulier, nous avons roulé doucement pour ne pas nous fatiguer et nous avons mis cinq heures trente ! Il n’y a jamais personne sur cette route. Elle est très dure, mais on n’est gêné que par les corbeaux !

À la fin du repas, les deux invités se retirèrent dans leur chambre, mais bien vite on frappa et sur le seuil apparurent Paul et trois de ses acolytes. Un des quatre hommes, le plus âgé, lui tendit la main.

— Vous serez hospitalisé dans le bâtiment dont je suis responsable, ici dans le village nous nous cachons, mais là-haut, vous nous verrez plus facilement.

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