Les tambours de bronze by Lartéguy Jean

Les tambours de bronze by Lartéguy Jean

Auteur:Lartéguy, Jean [Lartéguy, Jean]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française, Historique
Éditeur: Trashspam - TAZ
Publié: 2012-06-07T22:00:00+00:00


CHAPITRE V

LA PLAINE DES JARRES

La journée du 20 juillet 1964 ne fut remarquable que par la chaleur qui régna. Viang Chan fut transformée en une étuve et les trois averses de la « Nham Fon » n’amenèrent aucune fraîcheur.

Quelques rues furent inondées et deux cases emportées par les eaux.

Au bord du fleuve, le grand événement ne fut ni le putsch, ni le changement du chef du quartier, mais la prise par That, un pêcheur, d’un « pabœuk » de deux cents kilos, le plus gros que l’on ait vu depuis des années. Le « pabœuk » est une sorte de gros silure qui n’est bon au Cambodge, tant il est gras, qu’à faire de l’huile. Mais après avoir remonté les rapides du Mékong, il arrive à Viang Chan avec une chair ferme et délicate. Le pêcheur eût aimé vendre son poisson au marché, mais il fut obligé de donner un « boun » pour fêter cette prise exceptionnelle. La fête, malgré le couvre-feu, se prolongea tard dans la nuit.

That, voulant profiter de son poisson, en mangea tant qu’il fut malade. On dut faire venir le médecin qui était à la fois chiromancien, sorcier, jeteur de sorts, marchand de châles et indicateur de police. Il lui fit boire une décoction de racines qu’il avait frottées sur une pierre à aiguiser pour les réduire en poudre. Il en coûta trente kips à That. Sa belle-mère, la vieille et acariâtre Mè Fa Lom, se précipita chez les voisins en leur racontant que son gendre avait été puni pour avoir insulté les « phis » des eaux et Phrom, la mère-corbeau. Au lieu d’étrangler le « pabœuk », le poisson-roi, avec une cordelette, ne l’avait-il pas éventré au couteau ? Rien d’étonnant de la part d’un individu comme That qui n’était respectueux ni des coutumes ni des vieillards.

Au cours de cette fête, personne ne pensa qu’un an plus tôt, sous les acclamations du peuple, le capitaine Chanda prenait Viang Chan avec un bataillon de parachutistes.

Cléach, avant de s’envoler pour la Plaine des Jarres, crut bon cependant d’envoyer à son agence un « round-up », une sorte de récapitulation des principaux coups d’État qui avaient ensanglanté ou simplement animé la vie politique laotienne depuis 1955. Par un sens poussé du drame dans un pays où tout n’est que comédie, on avait souvent baptisé coup d’État un changement de ministère ou un déplacement de majorité effectué sous la pression de certains éléments qui disposaient soit de fonds étrangers soit d’armes de fabrication, elle aussi, étrangère : les trois derniers s’étaient déroulés entre juillet 1963 et juillet 1964. Un seul devait laisser un souvenir sanglant.

— Le 20 juillet 1963, le capitaine Chanda et son bataillon de parachutistes prenaient la ville de Viang Chan, ramenant au pouvoir le prince Sisang. 1 mort, 6 blessés. Le ministre de la Guerre, le général Si Mong, chef de la faction dite de droite, l’homme des Américains et des Thaïlandais, se réfugiait à Muong Khantabouli, dans le Sud.

— Le 22 décembre 1963,



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