Les sept divinités du bonheur by Keigo Higashino

Les sept divinités du bonheur by Keigo Higashino

Auteur:Keigo Higashino [Keigo Higashino]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Actes Sud
Publié: 2022-09-06T22:00:00+00:00


Ils y partirent immédiatement. La patronne les salua quand ils entrèrent dans le restaurant.

Quatre hommes à l’allure d’employés de bureau étaient assis à une table de six où s’alignaient des plats de sashimi, de poulet frit et d’omelette japonaise.

La femme s’approcha de l’un d’entre eux, un homme corpulent, et lui expliqua quelque chose à l’oreille en jetant des coups d’œil à Matsumiya et Kaga.

L’homme hocha la tête. “D’accord”, lurent-ils sur ses lèvres.

Elle revint vers eux.

— Monsieur veut bien vous parler.

Kaga s’avança en montrant son insigne.

— Désolé de vous déranger en plein repas.

— Ça ne fait rien, répondit l’homme qui paraissait cependant embarrassé.

Kaga lui demanda son nom. Il s’appelait Iwai et son bureau était situé à Hamachō.

— Je suis vraiment surpris. Jamais je n’aurais imaginé que… Nous n’avons échangé que quelques mots, et je ne sais rien de lui, moi !

— Je vous demande juste de nous dire la vérité. L’homme que vous avez rencontré, c’était bien celui-ci ?

Il lui montra une photo.

— Oui, confirma Iwai.

— Et c’était quand ?

— Euh… Il y a environ deux mois.

— Et vous vous trouviez au sanctuaire Kasama Inari ?

— Oui.

Depuis que sa mère âgée de quatre-vingts ans était tombée malade, Iwai avait pris l’habitude d’y passer de temps en temps en revenant du travail. Elle s’était d’ailleurs rétablie, peut-être grâce à ses prières.

— Moi, je me recueillais, c’est tout, mais ce monsieur n’est pas venu les mains vides, lui. C’est d’ailleurs pour ça que je lui ai adressé la parole.

— Comment ça, il n’est pas venu les mains vides ?

— Il avait plein de grues. En papier plié, des origamis, répondit Iwai qui but une gorgée de bière et reprit : Il n’y en avait pas mille8, mais une bonne centaine, je pense. Toutes en papier violet. Il les a posées sur le coffre à offrandes et il a ensuite prié, les mains jointes. Vous comprenez pourquoi j’ai eu envie de lui parler, non ?

— En papier violet… D’habitude, dans ce cas-là, les grues sont multicolores, non ? Mais les siennes étaient toutes violettes ?

Iwai eut l’air pensif.

— Écoutez, je ne m’en souviens pas exactement. À première vue, en tout cas, j’ai eu l’impression qu’elles étaient toutes violettes. Mais il se peut qu’il y en ait eu d’autres couleurs. Je ne peux rien garantir.

— Ce n’est pas grave. Et que lui avez-vous dit ? demanda Kaga.

— “Quelle passion ! Vous êtes attaché à ce sanctuaire ?”, il me semble.

— Et que vous a-t-il répondu ?

— Il a eu l’air gêné, et il les a vite rangées. Et il m’a dit qu’il était là par hasard.

— Par hasard ?

— Ça m’a paru un peu bizarre qu’il réponde qu’il était là par hasard alors qu’il avait apporté autant de grues en papier. C’est pour ça que je m’en souviens. Donc quand il s’est passé ce qui s’est passé, et que j’ai vu sa photo à la télé, son visage me disait quelque chose, et je me suis rappelé cette histoire. J’en ai parlé ici, parce que cela faisait un sujet de conversation.



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