Les secrets de Byzance by Dayez-Burgeon Pascal

Les secrets de Byzance by Dayez-Burgeon Pascal

Auteur:Dayez-Burgeon, Pascal [Dayez-Burgeon, Pascal]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
Éditeur: Perrin
Publié: 2017-11-15T00:00:00+00:00


D’un même élan, il faut aussi réformer l’Etat. Prétendant descendre de Constantin, les Comnènes sont en fait des parvenus d’origine thrace qui, en deux ou trois générations, se sont distingués dans la carrière des armes. Ils en ont profité pour amasser un important patrimoine foncier en Paphlagonie, dans le nord de l’Anatolie. Mal acceptés par l’aristocratie de Constantinople qui tenait le haut du pavé depuis des générations, ils l’écartent au profit de leurs semblables, les grands propriétaires terriens de province. Pour graver cette mutation dans le marbre, en Napoléon byzantin, Alexis Ier s’entoure d’une nouvelle noblesse dotée de titres toujours plus emphatiques. Ses parents, ses amis et ses fidèles sont faits sébastocrator, protosébaste, panhypersébaste, sébastohypertatos, pansébastohypertatos, voire protopansébastohypertatos. Pour en faire accroire, les réceptions de cour sont d’un luxe inouï qui, lors de leur première visite, laisseront les premiers croisés sans voix.

En revanche, pour ce qui est du nerf de la guerre, les Comnènes se comportent en grands seigneurs. L’intendance n’a qu’à suivre. Leur pari est simple. La fortune sourit aux audacieux. Tant qu’ils seront vainqueurs, ils trouveront toujours des fonds. En 1092, Alexis Ier a pris une mesure énergique. Dévalué par ses prédécesseurs, le nomisma ne valait plus rien. Il lui substitue l’hyperpère, d’une valeur de 20 carats d’or, pratiquement équivalente au nomisma initial. Cette opération jugule l’inflation et rend son rôle international à la monnaie byzantine. Sous le nom de besant, l’hyperpère se répand largement en Occident. La France en a gardé le souvenir dans l’expression « valoir son besant d’or », que nous avons déformée en « pesant d’or ». Mais ensuite, pressés par les circonstances, les Comnènes pilotent à vue. Renonçant à l’économie administrée qui avait prévalu jusque-là, ils bradent les monopoles de l’Etat et hypothèquent allégrement ses ressources fiscales. Au risque de freiner la consommation et d’entraver la croissance, ils inventent sans cesse « de nouveaux impôts qui, selon l’historien Nicétas Choniatès, sont la plaie du siècle ». Aucun expédient ne les rebute : vénalité des charges, confiscation de biens ou spoliation des églises.

En apparence, leur pari fonctionne. Les provinces reconquises dans les Balkans, en Anatolie et en Syrie permettent à l’empire de redresser la tête et de se repeupler. Pour nourrir et loger une population estimée à la fin du siècle à douze millions d’habitants, on défriche, on relève les bourgs en ruine, on en édifie de nouveaux. Mais au lieu de faire fructifier ces actifs, les Comnènes les dilapident, tablant sur une augmentation de capital. Dans cette course en avant, ils pensent jouer gagnant. En fait, ils vivent à crédit. Tant que la chance leur sourit, les créanciers les soutiennent. Mais dès que le vent tournera, ils les lâcheront, et Byzance sera à leur merci, incapable d’honorer ses échéances. Cette éventualité, les Comnènes ne veulent pas, ne peuvent pas l’envisager. Mais Venise, elle, attend son heure. Telle est la véritable nature de la chrysobulle d’Alexis : une partie de poker menteur.

Grigous contre Frankos

Pour l’emporter, les Comnènes ne ménagent pas leurs efforts. D’après Choniatès,



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