Les nouveaux mystères d'Udolpho by Carr John Dickson

Auteur:Carr, John Dickson [Carr, John Dickson]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman, Policier - Enquêtes - Mystères, Angleterre
ISBN: 9782743620417
Publié: 2018-01-19T23:00:00+00:00

“Le cœur tout rempli de chimères

Qui disparaissent à volonté

Je vais, errant dans le désert,

La lance au poing sur mon cheval ailé. {29}”

Il y eut un silence.

— C’est tout à fait nous, commenta Kit. Des hommes perdus dans leurs rêves, des échafaudeurs de théories confondant la réalité et la fiction. Muriel et Jim Carver ? Non ! C’est plus qu’improbable ; c’est tellement insensé que…

La stupéfaction le fit s’interrompre. Des bruits de pas vifs avaient résonné sur les dalles de pierre. De sous la plate-forme de la guillotine surgit, dans la Chambre des Horreurs du musée de cire de madame Tussaud, Jim Carver en personne.

Manifestement venu visiter une des curiosités londoniennes, Jim, l’air très préoccupé, ne remarqua d’abord pas Kit et son compagnon. Il portait la même cape que le vendredi soir. Grand, les cheveux noirs, d’une humeur aussi facile mais, dans l’action, aussi téméraire que Nigel Seagrave, il se dirigea vers la réplique de la cellule de condamné de la prison de Newgate afin de l’inspecter.

Pendant près de trente secondes, il contempla à travers les barreaux le triste personnage séquestré à l’intérieur, puis, comme poussé par une impulsion soudaine, il se retourna et regarda Kit droit dans les yeux.

— Kit ! s’écria-t-il, serrant la main tendue. Je ne vous demanderai pas ce que vous faites à Londres ; après tout, c’est votre territoire. Je suis ici pour un certain temps ; j’ai pris un appartement au 24 Clarges Street. C’est un plaisir de croiser un visage familier dans un pays étranger. Comment allez-vous, l’Irlandais ?

Tous les trois, pour des raisons diverses, étaient nerveux. Kit regrettait de ne pas avoir prévenu Nigel d’un certain aspect du passé de Jim, mais cela n’avait probablement pas d’importance et, de toute façon, c’était trop tard.

— Physiquement, mieux que jamais, répondit-il. Je me réjouis aussi de vous voir, vieille branche. Je voudrais vous présenter un très grand ami dont vous m’avez souvent entendu parler. Jim Carver, Nigel Seagrave.

— Enchanté, monsieur ! firent-ils à l’unisson en se serrant la main.

Nigel, se souvenant à la fois de ce qu’il avait appris par Kit et de ce qu’il avait surpris celui-ci en train de dire au grand prêtre Riskin à l’hôtel Langham, se montra résolument aimable.

— J’espère que vous ne trouvez pas Londres trop ennuyeux, Mr Carver. Si je ne me trompe, votre père est le sénateur Carver du Massachusetts. Et vous étiez commandant, je crois, lors des derniers fâcheux événements. Vous, les Yankees, vous êtes bien divertis entre 1861 et 1865. Cavalerie ou infanterie, commandant Carver ?

Le front de Jim s’était assombri ; sa propre affabilité s’estompa.

— En fait, monsieur, ni l’une ni l’autre.

— Allons, allons, nous ne voulons pas être indiscrets. Alors, entre nous, quel était votre régiment dans l’armée de l’Union ?

Jim se raidit. Sa voix claqua dans la salle silencieuse.

— Entre nous ? répéta-t-il. Je crains, monsieur, qu’on ne vous ait induit en erreur ou que vous ne vous mépreniez. Je commandais l’artillerie de Fort Moultrie en Caroline du Sud et j’eus le très grand honneur de servir les États confédérés d’Amérique.

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