Les mystères du peuple tome 1v by Eugène Sue

Les mystères du peuple tome 1v by Eugène Sue

Auteur:Eugène Sue [Sue, Eugène]
La langue: fra
Format: epub
Tags: - Divers
Publié: 2011-07-25T01:35:42+00:00


– Quoi, comte, tu as ici des ours ?

– Chram, c’est un bateleur voyageant avec ses bêtes… J’ai pensé que peut-être ce divertissement te plairait après le festin, j’ai ordonné d’amener cet homme.

– Qu’il vienne, comte, qu’il vienne… Tu nous donnes un régal vraiment royal !

La nouvelle de ce divertissement, accueillie avec joie par tous les Franks, leur fit oublier leur querelle et leurs défis échangés : les uns se levèrent, d’autres montèrent sur leurs bancs pour voir des premiers entrer l’homme, l’ours et le singe. Lorsque Karadeuk parut enfin, des éclats de rire germaniques retentirent d’une force à ébranler la salle, non que l’aspect du vieux Vagre fût réjouissant ; mais rien ne se pouvait imaginer de plus grotesque que l’amant de l’évêchesse sous la peau de l’ours ; il s’avançait pesamment, vêtu de sa casaque à capuchon rabattu, et semblait ébloui de la lumière des torches, quoique ces vingt flambeaux ne jetassent qu’une clarté vacillante et douteuse dans cette salle immense. Grâce à cette lumière peu éclatante, et à l’ample casaque dont le Vagre était à demi enveloppé, son apparence ursine était parfaite. De plus, afin d’éloigner les curieux, Karadeuk, raccourcissant dès son entrée la chaîne dont il conduisait l’animal, s’écria :

– Seigneurs, n’approchez pas à la portée de la dent de cet ours, il est sournois et féroce…

– Bateleur, veille sur ta bête ; si elle avait le malheur de blesser quelqu’un ici, je la ferais couper en quatre quartiers, et tu recevrais pour ta part cinquante coups de fouet sur l’échine !

– Seigneur comte, ayez pitié de moi, pauvre vieux homme, je n’ai que mes animaux pour gagner ma vie… j’ai supplié vos nobles et nobilissimes hôtes de ne point trop s’approcher de mon ours…

– Avance, avance, que je le voie de près, ce plaisant compagnon ; il n’osera point, je suppose, me griffer, moi, le fils du roi Clotaire…

– Oh ! très-glorieux prince ! – dit Karadeuk du ton le plus respectueux, – ces malheureux animaux privés d’intelligence ne peuvent point distinguer entre les seigneurs du monde et les humbles !

– Avance, avance, plus près encore…

– Très-glorieux roi, prenez garde… il y aurait moins de danger à considérer de près le singe… je peux le tirer de sa cage.

– Oh ! des singes… je suis peu curieux de cette maligne engeance, puisque j’ai des pages… Ah ! ah ! ah ! le réjouissant compère, avec sa casaque… vois donc, Imnachair, comme il a l’air pantois et grognon… il ressemble au Lion de Poitiers en robe du matin, lorsque ce digne ami a passé une nuit sans s’enivrer ou sans violenter de femme…

– Que veux-tu, Chram ? je regarde comme perdues toutes les nuits que je n’emploie pas… à ton exemple.

– Lion, tu es injuste… je suis devenu tempérant et chaste.

– Par épuisement… ô roi pudique ! ô roi sobre !

– Plains-moi donc alors, au lieu de m’accuser… Ah çà, bateleur, que fait ton ours ? est-il savant ?

– Si vous l’ordonnez, glorieux roi, cet animal



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