Les larmes de l'ETA by Michel Sandoli

Les larmes de l'ETA by Michel Sandoli

Auteur:Michel Sandoli [Sandoli, Michel]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Éditions Sud Ouest
Publié: 2022-04-20T22:00:00+00:00


17

RETROUVAILLES

Anton leva les yeux. Il connaissait cette voix surgie du passé. Si elle ne le surprenait pas outre mesure, il ne s’était pas attendu à l’entendre de sitôt. Trop fort, j’aurais dû y penser, songea-t-il. Puis, se reprenant, il prit la tasse que l’homme lui tendait.

— Ander ! Tu as quitté la police ou tu bosses au black ? dit-il en se levant.

Les deux hommes se faisaient face dans la salle. Les quelques clients avaient tourné la tête vers eux et observaient la scène. Après quelques secondes suspendues, Anton écarta les bras et tous deux s’étreignirent.

La valse des fourchettes reprit, tandis qu’au fond de la salle, sous l’escalier, Victor lâchait la main de sa compagne blonde et remarquait :

— J’avais raison, il le connaît !

Tout en s’asseyant, le commissaire divisionnaire commanda un café.

— Ça fait plaisir de te voir ! Surtout dans ces circonstances, parce que la dernière fois…

— Oui, c’était bien triste. Heureusement que tu es intervenu, il n’était pas chaud le Jap’ ! C’était pas qu’il avait peur que je me tire, à ce qu’il prétendait, mais c’était pour ma sécurité… Je n’ai même pas eu l’occasion de te remercier. C’est mon avocate qui m’a dit que tu avais insisté, disant que tu assisterais en personne aux obsèques.

— Laisse tomber. Même si tu n’avais pas pu y venir, j’y serais allé tout de même. J’aimais bien ton père. Toutes ces vacances passées ensemble, à votre ferme !

Durant de longues minutes, tous deux évoquèrent leur jeunesse. André était orphelin de père. Plutôt que le centre aéré, sa mère prise par son travail avait choisi de l’envoyer passer les vacances scolaires d’été dans la famille d’Anton, dont le père était proche de son mari. Leurs liens tissés au service militaire ne s’étaient jamais distendus. Bien que géographiquement éloignés, ils ne s’étaient jamais perdus de vue et à la naissance d’André, c’est lui qu’ils avaient choisi pour être son parrain. Il était plus âgé qu’Anton et de ce fait, plus proche de son frère Iñaki, mais au cours de tous ces étés il avait vu grandir le « petit » qui, trop souvent à leur goût, s’immisçait dans leurs jeux d’ados. La vie les avait éloignés. Lui avait poursuivi ses études, était entré dans la police. Iñaki avait passé un bac professionnel en agriculture et décidé de rester à la ferme, ce qui était son devoir d’aîné.

— Tu sais, ce n’est pas parce que tu étais dans la police qu’il s’est éloigné de toi, Iñaki ! C’était pour ne pas te gêner, surtout quand il est allé traîner avec les autres d’IK.

— Je crois que je l’avais compris. On en avait parlé une fois, puis moi je suis parti en poste en Guadeloupe, et c’est pendant que j’étais là-bas qu’il a été tué.

Le temps passait, les clients étaient partis sauf un couple. Anton les désigna à André.

— C’est des gens à toi ?

André sourit.

— C’est bizarre, il me semble que la fille était dans le même train que moi l’autre jour.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.