Les langages secrets de la nature by Pelt Jean-Marie & Steffan Franck

Les langages secrets de la nature by Pelt Jean-Marie & Steffan Franck

Auteur:Pelt, Jean-Marie & Steffan, Franck [Pelt, Jean-Marie & Steffan, Franck]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science, Plantes, Nature
Éditeur: Fayard
Publié: 1996-01-31T23:00:00+00:00


CHAPITRE 10

Où chacun est mis au parfum

Le rôle des couleurs et des odeurs dans les relations de pollinisation a fait l'objet de nombreux travaux. Le savant autrichien Karl Von Frisch, prix Nobel 1973, a montré comment les abeilles sont guidées vers le nectar des fleurs par des repères colorés simulant de véritables pistes d'atterrissage balisées. Mais ces pistes ne sont pas seulement visuelles, elles sont aussi olfactives ! Ainsi, en séparant des morceaux de pétales porteurs de signaux et de balises colorées, on observe que ces parcelles possèdent des odeurs différentes (lamier) ou une odeur semblable mais beaucoup plus accusée (marronnier) que le reste du pétale non porteur de marques. Dans le cas d'une campanule 1, la corolle d'un bleu uniforme ne possède que des repères olfactifs, mais aucun repère coloré ; les pollinisateurs suivent ces balises odorantes pour se poser sur la fleur. Il en est de même du liseron blanc.

Les fleurs tropicales pollinisées par les oiseaux ne possèdent point de tels repères olfactifs, car l'odorat des oiseaux est moins affiné. Dans la mesure où ceux-ci volent « à vue », les fleurs « adoptent » des couleurs adaptées à leur champ visuel. Ainsi, les fleurs écarlates attirent les colibris d'Amérique. De telles fleurs, en revanche, sont rares dans les flores européennes, car beaucoup d'insectes ne voient pas le rouge ; s'ils reconnaissent le coquelicot, ce repérage n'est pas dû à sa couleur visible, mais à son émission dans l'ultra-violet.

Ces observations jettent une lumière nouvelle sur les déterminismes rigoureux du monde des insectes, traditionnellement imputés au règne sans partage de l'« instinct ». L'instinct apparaît désormais comme le fruit de stricts déterminismes chimiques inféodant individus et espèces à des partenaires obligés et entraînant des comportements automatisés et rigoureux du type « stimulus/ réponse » ; le stimulus est en l'occurrence l'émission d'un ou plusieurs types de molécules chimiques quand il s'agit d'une odeur, de longueurs d'ondes quand il s'agit d'une couleur.

Si ce que nous appelons l'instinct règle souverainement les mécanismes fondamentaux du monde des insectes, il n'en va plus tout à fait de même dans l'autre grande lignée évolutive qui, à travers les vertébrés, monte jusqu'aux singes et à l'homme. Dans la plupart des groupes d'animaux formant cette lignée, on observe des espèces à odorat très fin, et d'autres chez qui l'odorat est plus ou moins atrophié2. Les brochets qui se dirigent sur leur proie, guidés par la vue et non par l'odeur, appartiennent à cette dernière catégorie. En revanche, l'anguille est le prototype des animaux très sensibles à l'odeur ; son odorat a sensiblement la même intensité que celui du chien. Une anguille conditionnée à l'alcool phényléthylique – parfum de rose – est capable de reconnaître cette odeur diluée à raison de... 1 cm3 dans cinquante fois la quantité d'eau contenue dans le lac de Constance ! !

C'est également grâce à l'extrême sensibilité de son odorat que le saumon remonte le fleuve et les affluents qui le conduiront là où il est né. Ce fait a pu être démontré expérimentalement avec précision.



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