Les jours de la montagne bleue by Adam Saint-Moore

Les jours de la montagne bleue by Adam Saint-Moore

Auteur:Adam Saint-Moore [Saint-Moore, Adam]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: FNA 0980
Publié: 1980-01-21T23:00:00+00:00


CHAPITRE VIII

Les deux Noires captives, étroitement garrottées, étaient allongées sur le sol, près de l’entrée, sous la garde de six Eghors. Les cadavres des deux autres gisaient, nus, en contrebas, là où ils avaient été jetés après avoir été dépouillés de leurs armes et de leurs uniformes.

La jeune Ghora était parmi les captives. Elle jeta un regard apeuré à Goveka qui s’était arrêtée devant elle et l’observait.

— Tu es une recrue de l’année, n’est-ce pas ? demanda Goveka.

— Oui, dit la jeune blonde d’une voix qu’elle tentait de rendre ferme.

— Tu viens juste de finir ta période chez les Alphas, et c’est ta première campagne ?

— Oui…

Goveka hocha la tête. Elle se reconnaissait dans cette fille. Elles avaient suivi les mêmes écoles et reçu la même formation.

— La gradée de deuxième niveau, celle qui me courait après, était ta monitrice ?

— Orka ? Oui…

Goveka sourit d’un air amusé en détaillant la jolie frimousse et le corps encore tendre.

— Je vois…, dit-elle. Et elle s’occupait aussi de ta formation érotique, je présume ?

— Oui…, balbutia Ghora en la fixant avec étonnement.

— Eh bien, elle te fichera la paix, maintenant ! dit Goveka. Elle est morte.

— Morte ? bégaya la jeune blonde. Orka ?

— Cette grande cavale se croyait plus adroite et plus forte qu’elle n’était en réalité, dit Goveka. Toutes ces gradées se prennent trop au sérieux, ajouta-t-elle. Mais, en fin de compte, elles sont beaucoup trop lentes.

Ghora, les yeux ronds, fixait Goveka avec effarement, et la peur dilatait ses grands yeux bleus.

— C’est… c’est toi qui as tué Orka ?

— Moi, dans un duel tout ce qu’il y a de loyal, dit Goveka calmement. Je lui ai donné sa chance.

La jeune Noire secoua des tresses blondes et souffla :

— Mais qui es-tu ?

— Une transfuge, dit Goveka.

Elle s’accroupit auprès de la jeune fille.

— Quel âge as-tu ?

— Dix-neuf ans.

— Je tâcherai de sauver ta vie, dit Goveka brièvement.

— Il faut retourner au village, maintenant, dit Kerval. Il faut s’occuper de l’autre patrouille.

Ils se mirent en marche et remontèrent vers le village en suivant les sentiers forestiers. Bientôt, deux guetteurs apparurent et leur signalèrent la progression de la seconde patrouille des Noires. Elles étaient parvenues au village déserté et, après avoir bu et mangé dans une des maisons, elles avaient piqué vers les bergeries et les étables, près du petit lac. Des groupes armés les surveillaient. Il n’y avait eu ni accrochage ni incident, jusqu’à présent.

Le vieil Hadji et Phagor, un des chefs du clan des vallées de l’Est, les attendaient à l’entrée du village. Les clans avaient tous été alertés par des messagers envoyés par Hadji dès l’arrivée des Machines. Phagor s’approcha sans saluer et pointa son doigt vers les deux captives.

— Pourquoi ces truies noires sont-elles encore en vie ? gronda-t-il.

Phagor devait faire deux hommes normaux par le poids et l’épaisseur. Son torse énorme et couvert de poils passait avec peine à travers une embrasure de porte. Les muscles se nouaient sous sa peau hirsute et lui faisaient des épaules monstrueuses dans lesquelles son cou de buffle disparaissait.



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