Les joueurs de Zan by M. A. Foster

Auteur:M. A. Foster [Foster, M. A.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-Fiction
ISBN: 2720101451
Éditeur: Editions Opta
Publié: 1981-12-31T23:00:00+00:00

1 Peut-être « bâtardise honoraire ». Dans le contexte de la société ler, un tel événement était considéré comme impossible, le sommet de l’indésirable. Maellenkleth eût été intouchable par les intouchables.

ONZE

Les choses qui ressortent réellement dans votre mémoire furent, au moment où vous les avez notées, si ordinaires et si peu avenantes qu’elles étaient vraiment immémorables. Pourtant les choses que vous vous imaginiez être étourdissantes et mémorables ne peuvent vous revenir que sous la forme de brouillards, de fantômes, d’amalgames et de frottis. Il nous faut admettre là l’existence d’un problème : nous n’arrivons pas à apprendre ce qui est significatif au point que sa signification et son immanence finissent par n’avoir d’autre but que de nous obséder.

— Manuel du Jeu

Morlenden s’éveilla comme le soleil entrait à flots par la fenêtre de la façade à l’est de la maison-arbre, dans un renfoncement où un large sommier avait été logé dans la structure qui suivait la lubie des formes de l’arbre. Une courtepointe en patchwork, un matelas doux et duveteux. Lui placé entre eux. La cohérence revint lentement. C’était la maison dans les bois des deux adolescents, Krisshantem et Maellenkleth, qui avaient été amants. Et bien autre chose… alliés dans une guerre contre un opposant qui changeait chaque jour et semblait refuser d’être défini. Morlenden cligna les yeux et les frotta, comme s’il voulait essuyer la buée qui se trouvait à l’intérieur. Peut-être le manque de définition était-il en lui, et non chez le garçon ou la fille. Mieux encore, peut-être souffraient-ils tous de problèmes de perception. Un humain de l’histoire militaire chinoise, homme que le Peuple étudiait fréquemment, Sun-tru, avait affirmé que si l’on connaissait son ennemi et que l’on se connaissait soi-même, on ne pouvait perdre. Maellenkleth semblait avoir perdu ; donc… l’esprit ler, très intuitif, réalisa le saut pour lui : elle ignorait son ennemi. Et ceci lui fit frissonner le cuir chevelu, car il ignorait également son ennemi, et lui-même semblait bien prendre le chemin de faire de cet ennemi son propre ennemi.

Leur maison, leur lit. Pas du tout comme un yos, avec son essence qui surpassait l’individu. Le yos appartenait à la vague dressée de la Tresse, il appartenait au temps. Le moment venu, on le quittait pour ne plus y remettre les pieds, dans celui-ci ou dans aucun autre. Les objets étaient des artefacts abandonnés par les formes de vie. Cette maison dans les arbres était un artefact d’une autre forme de vie… quelque chose de puissant et vivant. De différent. D’étranger. Cela lui donnait une impression bizarre, comme de porter les vêtements de quelqu’un d’autre ; ils étaient propres et de bonne taille, mais il y avait quelque chose qui n’allait pas, qui ne collait pas avec la personnalité.

Lui et Krisshantem avaient continué de parler tard dans la nuit, bien après l’heure où l’un et l’autre avaient coutume d’aller se coucher. Mais ce qu’ils s’étaient dit avait ajouté peu de choses à ce qu’il avait déjà découvert, déduit, conclu. Rien que des détails, des

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