Les Illumines by G.-J. Arnaud

Auteur:G.-J. Arnaud [Arnaud, G.6J.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Anticipation, Science-fiction
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1999-05-31T22:00:00+00:00

XX

C’était un garçon extrêmement maigre, aux yeux fiévreux qui se cachait dans le haut plafond du compartiment de ma mère, n’en descendant qu’en pleine nuit pour différents besoins, se cachant ensuite sans pouvoir même s’asseoir, allongé durant plus de vingt heures, enveloppé dans des couvertures.

Ma mère le prévint de ma visite et il m’attendait tout au fond de cet espace réduit, visiblement inquiet. Il me raconta ce qu’il avait dit précédemment à ma mère.

— Tu aurais un secret pouvant bouleverser la vie de tout le monde, que l’on soit grégoriens ou rus ?

— Il faut m’aider, murmura-t-il. Pouvez-vous me faire accepter par les Rus ? Ou alors m’aider à gagner l’Union Ferroviaire à l’ouest ? C’est la plus inorganisée des compagnies, dit-on, depuis que des présidents s’en disputent la direction.

— Le mieux serait que tu sois considéré comme ancien mineur par les Aiguilleurs. Ce sont eux qui ont organisé ce commando jusqu’à Bruni-Station.

Nous attendons des renforts, donc il y aura changement total. Les renforts sont en général des soldats moins intransigeants. J’essayerai de te faire accepter par une famille soit de mineurs, soit de chasseurs.

— Je préférerais chez des mineurs. Les chasseurs sortent en dehors de la verrière dans les étendues désertes et pour rien au monde je n’y retournerai.

Je déballai les provisions venues de nos réserves du blindé et il les contempla comme s’il n’en croyait pas ses yeux, commença de manger avec lenteur puis comme un ogre.

— Pourquoi crains-tu l’inlandsis ?

C’était l’appellation officielle pour désigner les espaces non parcourus par des voies ferrées. Là continuaient de vivre des animaux sauvages de toutes sortes, des chasseurs primitifs, des nomades qui parfois s’approchaient des stations pour proposer des échanges de marchandises.

Il continua de manger goulûment avant de me répondre.

— Les Croisés organisèrent une expédition l’an passé. Une expédition dite scientifique en direction du nord. Notre objectif était de retrouver un gisement de graisse naturelle, que l’on nous désignait sous le nom d’oil.

— Mais au nord c’est la RU ?

— Nous devions contourner la concession par l’est. Les scientifiques avaient des documents situant environ ce gisement. J’ai même pu les voir. Ils sont anciens mais ils auraient été volés aux Sadon, les propriétaires de la RU. Par un espion. Ce gisement se situerait sur la banquise d’une mer de… Norvège ? Oui c’est ça, la mer de Norvège. Cette oil se répandrait comme de la gélatine dense sur la banquise et on la débiterait à coups de pelle.

Il but de la bière, rota, sourit :

— Ça fait du bien. Nous n’avions que de la viande fossile ces derniers temps, parfois un peu de soja que votre mère pouvait voler dans les cultures. C’est une femme exceptionnelle, votre mère. Je n’ai pas connu la mienne mais j’aurais bien aimé qu’elle fût comme elle.

— Cette graisse gélatineuse, vous l’avez trouvée ?

— Nous n’avons jamais atteint cette mer de Norvège. Nous les avons rencontrés. D’abord de petits groupes furtifs. En fait nous ne les apercevions que de loin, les prenions pour des ours mais, comme nous le fit remarquer un des savants de l’expédition, les ours sont blancs.

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