Les hommes de Lascaux by Otte

Les hommes de Lascaux by Otte

Auteur:Otte
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Armand Colin


Au regard des périodes précédentes, la situation artistique de l'Europe solutréenne semble particulièrement complexe. La définition de « provinces » sur base du style de l'art pariétal et de l'art mobilier ne recouvre pas exactement celle obtenue sur des bases technologiques : probable reflet du complexe brassage qui affecte les populations européennes durant la crise climatique du pléniglaciaire. En outre, sur le plan purement documentaire, trop de sites sont encore attribués à une « période » sur base des seules datations au radiocarbone, mais ils restent malheureusement dépourvus du matériel et des traces archéologiques autorisant une attribution culturelle précise ; les peintures de Lascaux en sont peut-être le plus bel exemple.

Une des aires principales, paraissant greffée sur le Gravettien antérieur, se poursuit du côté atlantique dans le Lot (frise noire de Pech-Merle, mégacéros de Cougnac), en Charente (gravures du Placard) et en Dordogne (Lascaux, Gabillou). Elle suggère une filiation esthétique à l'intérieur de cet espace, sans réel rapport avec les modes techniques proprement solutréens : de Pech-Merle à Lascaux, on saisit une forme de continuité dans le rendu des figures, les structures scéniques ou le choix des thèmes.

Une autre province se détache définitivement, sur la lancée gravettienne : c'est la péninsule italienne, étendue jusqu'au bassin du Rhône. Curieusement, on y retrouve un rythme évolutif en activité constante et suivant des axes parallèles à l'aire occidentale, soit par convergence, soit par influences réciproques (Grimaldi, Paglicci, Dalmieri ; voir le chapitre Le modèle italien).

Une aire nouvelle vient de surgir des flots en Provence, où la grotte Cosquer fut découverte fortuitement sous le niveau actuel de la mer, mais dont la galerie principale ascendante, restée à l'air libre, renferme des peintures et gravures attribuées à cette période (directement datées par C14 entre 19 300 et 18 500 ans). Une possible continuité s'y fait sentir avec la phase gravettienne, également représentée dans la cavité par des figures au style comparable. Des analogies formelles se portent bien au-delà du Gravettien, vers Lascaux, Le Gabillou ou El Castillo. Des liens iconographiques forts les complètent, par les thèmes de « l'homme blessé » et des signes abstraits, dont les « aviformes ».

À l'opposé de ces tendances « traditionnalistes », une liaison culturelle plus nette est entretenue entre les bas-reliefs du Roc-de-Sers (Charente) et les ensembles lithiques proprement solutréens qui y furent découverts. À la fois, on y sent les distances prises par la tradition, par exemple par le fort modelé, mais aussi une forme d'analogie dans les proportions et la thématique, qui semblent intégrer ces œuvres dans les traditions régionales.

Enfin, une aire nouvelle semble s'être constituée, ou plus exactement affirmée, dans le sud-ouest de l'Europe, dans toute la Péninsule ibérique. Souvent associées à des industries purement solutréennes, des figures originales ornent les grottes d'Andalousie (animaux marins de Nerja, vers 19 900 BP ; poisson, aurochs et cheval de La Pileta, vers 20 000 BP). La seule grotte ornée du Portugal, à Escoural en Alentejo, possède à la fois des vestiges d'industrie solutréenne, et des dessins et gravures estimés à environ 18 000 ans.



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