Les Gardiens de la forêt - Sagesse, art de vivre et philosophie du bonheur des peuples autochtones d'Amazonie et du Brésil by Émilie Barrucand

Les Gardiens de la forêt - Sagesse, art de vivre et philosophie du bonheur des peuples autochtones d'Amazonie et du Brésil by Émilie Barrucand

Auteur:Émilie Barrucand [Barrucand, Émilie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai
Éditeur: Le Cherche Midi
Publié: 2023-04-02T09:27:48+00:00


Le lendemain de cette discussion dans le ngab, je me rends dans la maison de Kokokré, une jeune fille qui va être honorée lors d’un rituel de passage de l’enfance à l’adolescence propre aux filles et appelé mekrajtyk. Sa mère est une grande amie.

« Mili, amejkumrej ? » me demande-t-elle, une fois que je suis entrée dans leur maison.

Comme il est de coutume chez les Kayapos, je lui réponds :

« Imejkumrej. Je vais bien.

– Kokokré va enfin entrer dans le groupe des mekurerere », m’annonce-t-elle avec joie.

Dotée d’une magnifique chevelure noire et lisse, Kokokré se tient sagement debout, devant sa mère qui affûte une lame. Elle l’observe faire, impassible. Je peux sentir que l’enfant est prête. De toute évidence, elle a été longuement préparée mentalement à ce rituel. Maintenant, c’est son tour !

Sa mère approche la lame de son visage et lui coupe délicatement la frange.

Ses belles mèches tombent au sol devant ses petits pieds. Elle a maintenant la coupe propre à ce rite de passage. Sa mère sourit en la regardant. Soudain un groupe de mekurerere, entrent dans la maison. C’est la mère de Kokokré qui les a fait venir, comme il est de coutume pour ce rite. Elles entraînent alors Kokokré devant le ngab. Les mekurerere se mettent alors à peindre le corps de Kokokré et ceux de plusieurs autres jeunes initiées comme elle. Elles enduisent leurs doigts d’une teinture noire faite à partir du pigment du génépa, et tracent les motifs géométriques dont les filles peuvent être parées uniquement lors de cette fête. Les peintures corporelles permettent la construction de l’identité et de l’altérité. Les motifs peints sur les corps des enfants durant ces rites de passage marquent une différenciation temporaire et affichent les transformations que ces enfants vivent. Ces dessins ont une valeur informative. En les voyant, le village saura à présent que Kokokré peut intégrer le groupe d’âge des mekurerere. Une fois peinte Kokokré rentre chez elle, contente.



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