Les Etats de conscience vol I: Phénoménologie et Vedanta (French Edition) by Serge Carfantan

Les Etats de conscience vol I: Phénoménologie et Vedanta (French Edition) by Serge Carfantan

Auteur:Serge Carfantan [Carfantan, Serge]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Philosophie et spiritualité
Publié: 2014-07-18T22:00:00+00:00


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1) Si, comme l'indique déjà l'explicitation du sens du sommeil profond, la non-dualité est bien le statut de l'Être réside, la dualité établie plus haut, entre le pur Esprit, tel le Premier moteur d'Aristote et l'esprit comme incarné ne peut résister à l'analyse. La dimension de l'Éveil non-duel est présente en toute conscience d'être. L'esprit ne peut faire l'épreuve de son incarnation que parce qu'ontologiquement, dans son intériorité absolue, il la transcende. L'Esprit qui pose la Nature, doit aussi, d'une certaine façon, vivre dans la chair du monde et n'en n'être point séparé dans un au-delà, ou un arrière-monde qui ne connaît pas le monde. Nous sommes ainsi en présence dans ce que la pensée indienne reconnaît comme la relation de purusa, l'Esprit et prakrti, la Nature ; relation impliquée dans l'ontologie du sommeil profond et qui est la clé de la compréhension de manifestation de la conscience dans les trois états.

2) Il importe d'observer déjà, à cette étape de nos analyses, à quel point la considération exclusive de l'état de veille soulève des difficultés sans nombre. L'analytique de la conscience, pour être complète, doit d'abord être avasthâtraya, théorie des trois états. La tentative de Leibniz, placé devant le problème du sommeil profond, de distinguer la "pensée" de la "conscience", nous acheminait vers une phénoménologie intégrale des états de conscience, mais qui ne pouvait aboutir dans un contexte cartésien, où la conscience et la pensée étaient identifiés, et où la position de l'attitude naturelle dans la veille n'avait pas encore été repérée et décrite.

3) L'analytique du sommeil profond nous permet de mieux cerner le rapport entre conscience-de-quelque-chose et conscience-de-soi. La pensée, comme conscience-de-quelque-chose n'est pas l'origine de la conscience-de-soi, bien au contraire, elle en procède. L'être pur de la Conscience est sans pensée, parce qu'il est antérieur à la représentation, à la distinction sujet/objet établie dans les états manifestés de conscience. Le voile de l'ignorance posé par la torpeur nocturne semble nier la conscience ; mais il laisse pourtant deviner l'essence indivisée et paisible du Soi-même. L'ego effacé n'accède pas consciemment au Soi intérieur dans lequel il se résorbe et parce qu'il n'y a pas d'éveil, le résultat de l'immersion naturelle dans le Soi est nul du point de vue de jñâna, la connaissance. La perte de la représentation, loin de laisser place à une expérience pure de la conscience-de-soi, l'emporte avec elle dans la Nuit. Mais, parce l'Être est toujours-déjà là, le Soi de l'Être demeure, s'éprouvant comme pur sentir primordial. Le foyer de son Immanence ne saurait, même un seul instant, s'éclipser dans l'apparition de la pensée dans la veille. Nous nous sentons nous-même dans notre pensée, parce que notre être n'est pas jamais ontologiquement dispersé dans la représentation. L'ob-jectivité peut bien exercer son pouvoir de pro-jection, elle n'atteint pas la pure subjectivité du sentiment de Soi sur laquelle au contraire elle repose. Elle ne peut que le dissimuler. Hrdaya, le Coeur absolu du Soi de la Vie, ne sort pas de lui-même, il demeure Soi-même, antérieur à toute représentation de la vie.



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