LES DEUX FRÈRES by George Sand

LES DEUX FRÈRES by George Sand

Auteur:George Sand
La langue: fra
Format: mobi, epub
Tags: Romans
Éditeur: Les Bourlapapey bibliothèque numérique romande
Publié: 2014-01-18T11:16:38+00:00


XIII

J’étais exalté.

– Insultez-moi, lui dis-je, vous ne me fermerez pas la bouche, monsieur le comte ! Je combattrai toute calomnie contre l’honneur de votre famille.

– L’honneur de ma famille n’est pas en jeu, monsieur Charles, répondit Roger avec hauteur. Ce n’est pas vous qui m’apprendrez à respecter mes parents, et je trouve vos doutes à cet égard insultants pour eux autant que pour moi. Je vous avais prié de sortir, vous rentrez sans ma permission…

– Je resterai, lui dis-je sentant que la crise suprême était arrivée et qu’il fallait s’y jeter tout entier. Vous m’outragerez, vous me frapperez, s’il vous plaît. Je ne sortirai pas d’ici sans savoir ce qu’a imaginé M. Ferras pour vous faire douter de l’honneur de vos parents.

Roger était si exaspéré, qu’il voulait se jeter sur moi. Gaston le retint et le calma.

– M. Charles a raison, dit-il, il faut l’écouter, car il fait son devoir. Moi, je suis de trop dans de pareilles explications, je vous laisse.

– Non, tu resteras ! s’écria Roger ; tu as le devoir de m’entendre justifier notre famille, que ce vieux misérable feint de défendre afin de t’en faire douter !

J’allais répliquer lorsqu’on frappa à la porte. Gaston alla ouvrir.

– C’est Ambroise, dit-il. – Que veux-tu, mon vieux ? es-tu plus malade ?

– Je n’en sais rien, répondit Ambroise en entrant, ce n’est pas pour ça que je me permets… Monsieur le comte de Flamarande, excusez-moi : d’ordinaire, je couche dans une chambre d’en bas au donjon. Craignant de gêner votre mère, parce que je me lève matin et que les portes font du bruit, j’allais coucher à l’étable quand Michelin, voyant que je tremblais la fièvre, m’a forcé d’aller dormir au chaud dans sa cuisine, qui est juste au-dessus d’ici, et il faut que vous sachiez que, par cette cheminée que voilà, on entend toutes les paroles qui se disent ici quand on est dans la cheminée d’en haut. Moi, j’y étais pour me réchauffer, et, ma foi, sans vouloir écouter, j’entendais quasiment tout. Ça ne m’apprenait rien, puisque je suis un de ceux qui ont été employés dans cette affaire-là, et je me suis dit que je ne devais pas laisser parler contre la vérité. Je ne crois point que ce soit l’idée de M. Charles ; mais, comme je ne connais point ou presque point votre M. Ferras, je veux savoir, moi aussi, ce qu’il a pu vous dire, si vous voulez bien le permettre à un vieux, fidèle comme un vieux chien, et qui est fier d’avoir l’estime de votre mère.

– Asseyez-vous là, mon brave, dit Roger en lui serrant la main. Je vous connais plus que vous ne pensez, et je sais que vous ne mentirez pas, vous ! Écoutez donc ce que j’ai à dire.

– Pas ici, monsieur le comte, dit Ambroise, je connais les êtres ! j’ai assez fait le maçon pour ça. Dans votre chambre, vous pouvez tout dire ; ici, non. Si quelqu’un entrait dans la cuisine, ou si un autre



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