Les colonnes infernales (1794-1795) by Anne Rolland-Boulestreau

Les colonnes infernales (1794-1795) by Anne Rolland-Boulestreau

Auteur:Anne Rolland-Boulestreau [Rolland-Boulestreau, Anne]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2213681511
Éditeur: Fayard
Publié: 2014-12-31T23:00:00+00:00


L’aventure militaire

Joba a un destin placé, dès le début, sous le signe de l’aventure. À dix-sept ans, ce Mosellan traverse la frontière pour dessiner la forteresse de Luxembourg. Surpris par des soldats, il est enrôlé de force chez les Autrichiens. Les fortifications deviennent son domaine, et il est nommé ingénieur. En 1790, il réussit, par ruse, à passer la frontière française et s’engage dans la garde nationale. Si Joba subit en partie son destin, Ferrand décide résolument l’aventure en s’engageant, à l’âge de dix-huit ans, dans la campagne d’Amérique et gagne, auprès des insurgés, son galon de sous-lieutenant19. Il fait partie de ces trois mille « héros » engagés les premiers outre-Atlantique et célébrés dans le royaume de France.

Tous n’ont pas le destin de Joba ni de Ferrand, mais, à la faveur de la Révolution, certains futurs généraux font des choix radicaux. Négociant à Douai, Cambray épouse sans hésiter la cause de la Révolution et, après avoir intégré la garde nationale de sa ville, s’engage dans l’armée du Nord, tournant définitivement la page du négoce. Legros est professeur de mathématiques à l’université de Caen lorsqu’il est enrôlé comme volontaire du Calvados où il devient capitaine. Carpantier suit un engagement encore plus radical, soldat d’abord, sergent trois ans plus tard, il a fini par quitter l’armée royale en 1778 et a suivi une carrière ecclésiastique en devenant vicaire dans le Saumurois à la fin de l’Ancien Régime. La Révolution française le conduit à prêter serment à la Constitution civile du clergé, en 1791. Le « goupillon » ne lui suffit plus et le « sabre » le démange. En 1792, il se met au service de la garde nationale puis de l’armée de l’Ouest et monte les échelons au fur et à mesure de ses combats contre les Vendéens.

La trajectoire de Carpantier est exceptionnelle, mais les hésitations entre la carrière militaire et la vie civile sont assez fréquentes. On les voit à l’œuvre chez Dutruy, peintre géographe comme son père, soldat de 1782 à 1788, date à laquelle il reçoit son congé… pour quelques mois seulement puisqu’il rempile pour quatre ans. Finalement, il entre dans la garde nationale. Quant à Boucret, il semble qu’il fut tenté, lui aussi, par la vie militaire dès la fin de l’Ancien Régime. Quittant sa profession de tapissier, il se fait soldat en 178220. Il rachète son congé trois ans plus tard. Mais, après quelques mois de vie civile, il décide de se réengager, puis de racheter son congé au 31 mai 1789. Son expérience militaire le conduit à devenir sergent-major de la garde nationale de Paris, section des Invalides, en juillet 1789. Comme beaucoup d’autres, la Révolution le ramène à la vie militaire.

Ces futurs généraux ont-ils si chevillée au corps la vie au camp qu’ils ne peuvent s’en éloigner plus de quelques mois ? Les théoriciens militaires du XVIIIe siècle pensaient que les motivations pour s’engager résidaient dans « l’oisiveté et le libertinage21 ». S’ils reprennent du service, est-ce parce qu’ils sont incapables de s’adapter



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