Les cinq quartiers de la lune by Islam

Les cinq quartiers de la lune by Islam

Auteur:Islam [Islam]
La langue: fra
Format: epub
Tags: 2016-05-23T12:02:32.790000-03:00 JF
Éditeur: Editions Flammarion
Publié: 2016-02-23T23:00:00+00:00


50

Irak, Bagdad, 20 mars 2003

À cinq heures trente du matin, deux bombardiers furtifs américains F-117A Nighthawk, partis du Koweït, larguaient une série de bombes de type GPU-27 sur le complexe présidentiel de Dora Farm où, selon la CIA, Saddam Hussein et ses deux fils s’étaient réfugiés. Chaque structure du complexe fut détruite, à l’exception d’un bâtiment, le palais principal, caché derrière un mur surmonté de barbelés électrifiés. Les chasseurs furtifs avaient été utilisés sur la présomption qu’il existait des tunnels dans lesquels Saddam aurait pu se cacher. On apprendra plus tard qu’il n’existait ni tunnels ni bunkers à Dora Farm.

Dans les minutes qui suivirent l’attaque, George Tenet, le directeur de la CIA, appela la Maison-Blanche et déclara : « Dites au Président que nous avons eu le fils de pute ! » et tandis qu’il raccrochait, une pluie de missiles de croisière Tomahawk s’abattait sur les bâtiments politiques et militaires de Bagdad, les édifices du parti Baas, les casernes des forces armées, d’ailleurs évacuées, et les systèmes fixes de communication. Les populations civiles vivant à proximité ne semblaient pas avoir été le souci majeur des agresseurs. Des quartiers entiers furent réduits en miettes, et la fumée des incendies s’ajouta aux masses de poussière projetées autour des cibles.

C’était en quelque sorte un 11 septembre irakien.

Ce qui restait des services de secours entra en action dans la confusion et le désarroi. En milieu d’après-midi, une rumeur courut parmi les sauveteurs : Saddam Hussein et ses deux fils étaient présents à Dora Farm ! Ils avaient été tués ! La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre et la panique s’empara de la ville. Qu’allait-il advenir ensuite ? Verrait-on des soldats américains débouler à l’angle de la rue ? Ce n’était pas impossible…

La magnifique villa où vivait Chérif Abdel Azim, l’amoureux éploré de Souheil, fut l’une des premières qu’atteignit la rumeur de la mort présumée de Saddam ; et pour cause : elle se trouvait dans le quartier chiite de Kadhamiya, c’est-à-dire dans une boucle du Tigre à moins de deux kilomètres au nord de Dora Farm. Au moment du bombardement, toutes les fenêtres avaient volé en éclats, et Chérif, arraché au sommeil, s’était retrouvé au pied du lit, épouvanté. Qu’était-il arrivé ? En sortant de sa chambre, il était tombé nez à nez avec ses parents, ses frères et sœurs, hébétés.

La destruction de la citadelle dans laquelle se trouvaient les arsenaux et les casernes de l’armée fut bien plus effrayante encore que les bombes sur Dora Farm : le bâtiment se situait presque en face de la villa, de l’autre côté du fleuve. Une heure de stupeur épouvantée s’ensuivit, puis le silence. Des voisins atterrés, et voulant se donner l’air d’être informés, vinrent certifier que Saddam était bien mort à Dora.

— Qu’on fasse du café.

Ce fut le seul commentaire de Zyad, le père.

Les chiites haïssaient le dictateur, mais l’événement dépassait en gravité la seule disparition de sa personne.

Chérif alla s’habiller, estimant sans doute qu’il faut être vêtu quand le destin frappe à la porte.



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