Les chevaliers teutoniques by Henryk Sienkiewicz

Les chevaliers teutoniques by Henryk Sienkiewicz

Auteur:Henryk Sienkiewicz
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2016-03-28T00:00:00+00:00


15

ZBYSZKO rejoignit Zych et Jagienka, qui, en compagnie de l’Abbé et de ses clercs, se rendaient à Krzesnia. Il fit route avec eux, car il s’agissait pour lui de convaincre l’Abbé qu’il ne craignait ni Wilk de Brzozowa ni Cztan de Rogow et ne songeait nullement à se cacher d’eux. Au premier moment, la beauté de Jagienka le surprit encore, car bien qu’il l’eût vue souvent à Zgorzelice autant qu’à Bogdaniec bien habillée pour recevoir ses hôtes, jamais encore il ne l’avait vue parée comme à présent pour l’église. Elle portait un vêtement de drap rouge doublé d’hermine, des gants rouges, sur la tête un chaperon d’hermine garni d’or d’où s’échappaient deux nattes tombant sur ses épaules. Elle ne montait pas en homme, mais sur une haute selle à rampe, avec une banquette sous les pieds qu’on devinait à peine sous la longue jupe plissée.

Pour Zych qui, à la maison, laissait sa fille s’habiller d’une peau de mouton et de bottes en vachette, il s’agissait qu’à l’église, chacun reconnût que ce n’était pas la fille d’un petit hobereau ou d’un maigre écuyer, mais une demoiselle de haut parage. Dans ce but, son cheval était tenu par deux jouvenceaux vêtus de justaucorps voyants comme en portent d’ordinaire les pages. Quatre hommes du manoir marchaient par-derrière et, avec eux, les clercs de l’Abbé, avec leurs épées et leurs luths à la ceinture. Zbyszko admirait grandement tout ce cortège, et particulièrement Jagienka qui avait l’air d’une image, et l’Abbé qui, en robe rouge, avec ses immenses manches, lui semblait un prince en voyage. Le plus modestement accoutré de tous était Zych lui-même, qui se souciait de la magnificence pour les autres, mais pour lui, ne recherchait que la gaieté et les chansons.

Ils chevauchaient donc dans l’ordre suivant : l’Abbé, Jagienka, Zbyszko et Zych. Au début, l’Abbé ordonna à ses « baladins » de chanter des cantiques, mais ensuite, en ayant assez, il entreprit une conversation avec Zbyszko qui regardait avec un sourire sa puissante épée qui n’était pas moins grande que les armes allemandes à deux mains.

— Je vois, dit-il avec gravité, que mon épée t’étonne. Sache donc que les synodes autorisent les ecclésiastiques à porter l’épée et même des balistes et des catapultes en voyage, et nous sommes en voyage. Enfin, quand le Saint-Père a interdit aux prêtres les glaives et les vêtements rouges, il songeait évidemment aux gens de basse extraction, car Dieu a créé la noblesse pour les armes, et qui voudrait l’en priver irait à l’encontre de ses décrets éternels.

— J’ai vu le prince Henry de Mazovie combattre dans la lice, répondit Zbyszko.

— Il n’y a pas à l’en blâmer, repartit l’Abbé en levant un doigt en l’air, mais il a eu tort de se marier et, en outre, de faire un mariage malheureux, car il a pris une femme fornicariam et bibulam14 qui, comme on dit, adorabat Bacchum15 depuis son enfance et était, en outre, adultéra16, dont il ne pouvait résulter rien de bon.

Il arrêta alors son cheval



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