Les Buveurs d'océan by H.J. Magog

Les Buveurs d'océan by H.J. Magog

Auteur:H.J. Magog [Magog, H.J.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique
Publié: 2016-05-09T23:56:40+00:00


CHAPITRE XI

LE SECRET DU JAPON

Vider l’océan !

D’abord, Jean était resté pétrifié.

Il ferma les yeux, comme pris de vertige devant le gouffre ouvert sous ses pas. Mais, dès que le voile de ses paupières se fut interposé entre lui et le chantier colossal, il cessa de subir l’influence du spectacle.

L’énormité de l’entreprise était telle qu’elle lui parut insensée. Il n’y vit plus que le rêve d’un cerveau malade et un scepticisme soudain le rasséréna.

— Impossible ! railla-t-il, en rouvrant les yeux.

Et il sourit. Crever cette voûte épaisse qu’il apercevait au-dessus de sa tête et contre laquelle les destructeurs semblaient de microscopiques insectes, peut-être, à la rigueur, y réussiraient-ils. Une brèche de quelques mètres carrés s’y ouvrirait peut-être. Les explosifs pourraient faire cela.

Même, Jean admettait que la ruée des eaux l’agrandît. En mettant les choses au pis, quelques millions de mètres cubes se précipiteraient dans le gouffre, qui serait vite comblé. Il n’en pouvait aller autrement. Et que serait-ce, auprès des milliards de mètres cubes que contient la cuvette océanique ? Le Pacifique ne se ressentirait même pas de cette saignée.

Le petit Japonais l’observait et souriait aussi.

— Vous êtes incrédule ? dit-il. Venez un peu voir l’homme qui a conçu cela. Il vous fournira des chiffres, lui, et peut-être vous fera-t-il comprendre que rien n’est impossible au génie humain.

Au bout de la double chaîne d’une grue géante, une benne vide se balançait au-dessus d’un wagon de déblai. Le Japonais fit signe aux manœuvres de l’immobiliser.

— Nous allons prendre place là dedans proposa-t-il. C’est un ascenseur peu confortable, mais assez pratique, qui nous enlèvera jusqu’aux échafaudages du chantier.

Ils s’assirent au fond de la benne, qui s’éleva dans les airs, tandis que chaînes et poulies grinçaient au-dessus de leurs têtes. Sous eux, le gouffre béant ouvrait mieux sa gueule terrifiante, et Jean, frappé de nouveau par les titaniques dimensions du chantier, eut l’impression d’être seulement une chose frêle aux mains de forces inconnues, qu’il était téméraire à lui de prétendre apprécier. Alors, le doute terrible s’empara de son esprit et il trembla.

Cependant, comme un long bras métallique, la grue promenait la benne dans l’espace ; elle l’approcha d’un des échafaudages courant le long des parois de la carrière. Des ouvriers la saisirent et la maintinrent, tandis que Jean et son guide en sortaient.

Ils avancèrent prudemment sur la plate-forme de planches, évitant de regarder du côté de l’effroyable vide.

À quelque distance, creusée dans le roc, s’ouvrait une logette assez spacieuse. Éclairés par des ampoules électriques, des hommes consultaient des épures étalées sur des tables. Entre elles, au milieu d’un groupe de Japonais déférents, un grand homme sec, vêtu d’un costume de sport, gesticulait. Il portait en bandoulière un revolver dans son étui et présentait le plus pur type yankee. Son menton s’allongeait d’une rude barbiche en pointe et, dans son visage maigre et rasé, aux pommettes saillantes, deux yeux fiévreux ne cessaient de fulgurer.

— Voici l’un des bureaux de nos contremaîtres et précisément le directeur technique de notre entreprise s’y trouve, en train de donner des ordres, annonça le guide.



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