Les brumes de San Francisco by Paul Couturiau

Les brumes de San Francisco by Paul Couturiau

Auteur:Paul Couturiau [Couturiau, Paul]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Aventure
ISBN: 9782258068155
Éditeur: AlexandriZ
Publié: 2006-04-20T22:00:00+00:00


15

EN cette fin de décennie, un vent de panique souffla le chaud et le froid dans la communauté de San Francisco. Un Français originaire de Lorient, Joseph Yves Limantour, prétendait posséder des titres de propriété sur près de la moitié des terrains de la ville.

Limantour, qui avait longtemps fait le commerce entre la France et Veracruz, au Mexique, avait découvert la baie de San Francisco le 26 octobre 1841 au lendemain du naufrage de son bateau, l’Ayacucho. Par bonheur, il avait non seulement réussi à sauver la majeure partie de sa cargaison, mais encore il avait trouvé à la vendre à des rancheros de la région.

Quelque temps plus tard, à Los Angeles, il avait fait la connaissance du gouverneur mexicain, Micheltorena. Celui-ci, qui manquait cruellement de fonds pour assurer la subsistance de ses troupes en guerre contre les Américains, lui avait confié ses difficultés. Limantour s’était aussitôt proposé pour lui prêter la somme nécessaire en échange de terres.

Les prétentions de Limantour risquaient fort de placer le gouvernement fédéral lui-même dans une position très inconfortable. En effet, nombre d’édifices publics étaient construits sur des terres dont le Lorientais revendiquait la propriété. Pour ne pas être chassés de chez eux, certains habitants avaient préféré payer les sommes exigées par Limantour plutôt que de se lancer dans des procédures judiciaires dont l’issue n’était nullement assurée.

Le Yerba Buena Star suivait l’affaire de près. Lorsque la commission fédérale d’examen procéda à une étude photographique des sceaux figurant sur les titres de propriété et conclut à une supercherie, tout le monde poussa un soupir de soulagement. Catherine Tourneur fut l’une des rares éditorialistes à déclarer qu’une telle décision ne la surprenait pas outre mesure. Selon elle, nul ne saurait jamais où se situait la vérité, car trop d’intérêts étaient en jeu.

Frank Bartleby avait suivi l’affaire de loin, ses titres étaient parfaitement légitimes puisqu’il les tenait de John Sutter. Il approuva pourtant l’éditorial de son amie.

— Au fait, lui dit-il, j’ai eu des nouvelles de John. Il s’est lancé dans l’exploitation de 30 hectares de vignobles à Hock Farm, et il me fait régulièrement parvenir quelques caisses de champagne. Je dois reconnaître qu’il n’est pas mauvais. Mais John m’inquiète. Il semble terriblement aigri. Il ne cesse de fulminer contre le gouvernement américain qui refuse de lui rembourser les sommes qu’il a perdues pendant la guerre contre le Mexique.

À San Francisco, la consommation de champagne dans les lieux de plaisir était considérable. L’industrie vinicole s’était développée en conséquence. La vallée de Napa semblait être un site particulièrement propice à la viticulture. Si, dans les premiers temps, la qualité du vin était relativement déplorable, les choses avaient bien évolué. Avec l’arrivée d’émigrants européens expérimentés dans l’exploitation vinicole, notamment de Français, la qualité de la production n’avait plus grand-chose à envier aux meilleurs vins français.

La vie devenait plus douce à San Francisco. Pourtant, Catherine n’avait pu s’empêcher de sourire lorsque la Revue des Deux Mondes avait, en 1860, décrit San Francisco comme la Reine du Pacifique.

Eddie Wallgreen, quant à lui, avait d’autres projets en tête.



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