Les accoucheuses - tome 1 - la fierté by Anne-Marie Sicotte

Les accoucheuses - tome 1 - la fierté by Anne-Marie Sicotte

Auteur:Anne-Marie Sicotte [Sicotte, Anne-Marie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: - Divers
Publié: 2011-09-23T18:33:05+00:00


CHAPITRE XXI

P

ar une matinée fraîche et claire de la fin du mois d’avril, alors que Léonie vient de poser sa main sur la poignée de porte du refuge, elle doit reculer précipitamment pour laisser sortir le docteur Peter Wittymore. Avant de s’éloigner, il lui explique brièvement, son maigre visage creusé par une nuit sans sommeil, qu’il est venu la veille en après-dînée pour répondre à un appel de Mme Easton.

Lorsque Léonie fait son entrée, le refuge est en effervescence. Plusieurs dames patronnesses et quelques femmes enceintes vont et viennent, Suzanne Garaut gravit les escaliers quatre à quatre et Sally, plantée en plein milieu du salon, boit avidement le contenu d’un grand bol. Léonie finit par apprendre de sa bouche que la jeune Marie-Catherine, hébergée à la Société depuis plusieurs semaines, vient de mourir, victime d’une hémorragie foudroyante.

Ses douleurs ont commencé deux jours plus tôt, mais elles s’estompaient régulièrement et Françoise, que l’on avait envoyé chercher, a préféré attendre qu’elles s’installent sans équivoque. Il s’était donc écoulé environ seize heures entre les premières manifestations d’une délivrance imminente et l’arrivée de Sally. Ce n’est pas anormal, du moins chez les primipares qui ont parfois des contractions pendant plusieurs semaines avant l’accouchement.

Visiblement épuisée, Sally explique d’un ton morne à Léonie que, toute la journée précédente, Marie-Catherine a été aux prises avec des contractions puissantes mais qui ne menaient à rien. L’examinant à plusieurs reprises, Sally a constaté que le bébé se présentait bien, qu’il appuyait fermement sur le col de la matrice qui était parfaitement dilaté, mais que, pour une raison inconnue, malgré tous les efforts de la jeune femme, il ne parvenait pas à s’engager dans le passage.

Bien abreuvée, nourrie légèrement mais régulièrement, Marie-Catherine n’avait commencé à se décourager qu’à la fin de la journée. La poche des eaux a alors crevé et Sally s’est animée d’un espoir renouvelé, mais de courte durée. Elle a alors voulu faire venir sa meilleure collègue du Lying-In, celle qui prend uniquement charge des délivrances compliquées, mais elle était retenue pour une délivrance à domicile.

– Notre messager est alors allé cogner chez vous, poursuit Sally, mais personne n’y était.

– Ma cousine nous recevait à veiller, indique Léonie avec regret.

Sally hésite un moment, puis elle jette à Léonie un regard préoccupé et reprend à voix basse :

– J’aurais bien aimé en discuter avec une consœur… Je me disais que je pouvais facilement attendre encore douze ou vingt-quatre heures avant de faire appeler le médecin. Nous savons toutes qu’une femme peut, à la rigueur, passer trois ou quatre jours dans les douleurs sans que les conséquences soient nécessairement fâcheuses. Un dénouement heureux survient parfois… Mais nous savons également que plus un accouchement dure longtemps, plus les chances de survie du bébé diminuent, comme celles de la mère, d’autant plus que les eaux avaient coulé… En plus, Mme Françoise me pressait d’agir.

Léonie fait une grimace de mécontentement. Effrayées par un processus sur lequel elles n’ont aucune prise, hantées par la perspective d’une tragédie, les dames patronnesses interviennent parfois avec trop d’insistance.



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