L'Enterrement de Monsieur Bouvet by Georges Simenon

L'Enterrement de Monsieur Bouvet by Georges Simenon

Auteur:Georges Simenon [Simenon, Georges]
La langue: fra
Format: epub
Tags: roman
ISBN: 9782258093959
Éditeur: Omnibus
Publié: 2013-02-06T23:00:00+00:00


6

De passer de la P.J. à l’Identité Judiciaire, dans les combles du Palais de Justice, c’était un peu comme, dans un grand restaurant, de passer de la salle à manger à la cuisine. Pas plus, d’ailleurs, que dans la cuisine d’un grand restaurant, le public n’était admis. On pouvait travailler en manches de chemise et parler le langage du métier.

Pour les gens de l’étage en dessous, ceux de la P.J., le mort du quai de la Tournelle, avec les problèmes qu’il posait et les recherches qu’il allait provoquer, était « un emmerdeur ».

Pour ceux du grenier, c’était du « nanan », qui leur donnait l’occasion de se livrer à des tas de petits travaux, certains délicats, presque artistiques, dont ils étaient friands. Déjà dans la maison blanche, les spécialistes s’étaient payé du bon temps, mais ils ne s’y sentaient pas à leur aise, ils ne disposaient pas de tous leurs instruments ni de la place nécessaire.

— Vous n’avez pas fini avec mon macchabée ? venait de temps en temps demander le type du fourgon, qui devait conduire M. Bouvet à l’institut médico-légal.

Chaque fois, il lui jetait un coup d’oeil inquiet, car il faisait chaud et il avait peur qu’on lui « fatigue » son mort. Depuis le matin, celui-ci avait été photographié sur toutes les faces, dans toutes les poses, tout nu et vêtu de ses différents complets, assis et couché.

Le travail le plus artistique avait été de lui donner l’aspect qu’il devait avoir une vingtaine d’années plus tôt, en procédant exactement comme le maquilleur et le perruquier de théâtre avec un vieil acteur.

C’était vrai que ça fatiguait le mort. Quand, à peu près vers le moment où M. Beaupère quittait la place des Vosges, on le rendit au type de l’institut médico-légal, il était temps. La mâchoire s’était ouverte une fois de plus, qu’on ne se donnait plus la peine de maintenir fermée à présent qu’il n’y avait plus de photos à prendre, et le corps paraissait flasque.

On le posa sur sa civière et on l’emporta, non sans que quelqu’un eût remarqué, sans méchanceté, d’ailleurs :

— Ça cocotte, ici !

Les vasistas étaient ouverts. La plupart des spécialistes avaient cassé la croûte en travaillant. Les premières photographies paraissaient dans les journaux, mais ils allaient en développer d’autres, plus soignées, une sorte de reconstitution de M. Bouvet à différentes étapes de sa vie.

Mme Lair et l’avoué n’avaient pas invité M. Beaupère à les suivre à la P.J. Sans doute, ayant rendez-vous avec le directeur, auraient-ils considéré comme indélicat d’emmener un simple inspecteur avec eux. C’est du bureau de tabac, au coin de la rue des Francs-Bourgeois, que M. Beaupère avait téléphoné à son chef. Il n’avait rien à lui dire que celui-ci ne sût déjà, mais il tenait à établir que, tout seul, peu importe par quel moyen, il était arrivé à la vérité.

— Sa soeur et l’avoué viennent de partir.

— Vous lui avez parlé ? Comment est-elle ?

— Une vieille dame distinguée.

— Vous n’avez plus rien à faire ?

— J’ai encore une vieille femme à retrouver dans le quartier.



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