Lectio Letalis by Laurent Philipparie

Lectio Letalis by Laurent Philipparie

Auteur:Laurent Philipparie [Philipparie, Laurent]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction, Thrillers, General, Crime
ISBN: 9782714481184
Google: Gol-DwAAQBAJ
Éditeur: Place des éditeurs
Publié: 2019-01-16T23:00:00+00:00


30

Ils étaient tous deux trop éreintés pour s’écharper. La fatigue jouait son rôle vertueux de garde-fou. Anna portait sur elle une éternité d’insomnies. Cette fille donnait l’impression d’avoir passé sa vie à fuir son ombre. Quant à Gabriel, se remettant à peine de ses blessures, il préférait dissimuler ses craintes. Pour se tranquilliser, il se raccrocha naïvement au syndrome de Stockholm. Loin des idées reçues, ce phénomène psychologique fonctionnait dans les deux sens. Otage et ravisseur s’attachaient réciproquement l’un à l’autre. Il se disait qu’Anna s’était habituée à lui et qu’elle l’épargnerait une fois encore. Ses étonnantes révélations avaient jeté les bases d’une trêve éphémère. Pour le moment, outre les menottes, un sentiment de solidarité les unissait, au moins intellectuel, face aux Syphoniens et à leurs Apprentis.

Selon Anna, grâce à des techniques d’hypnose hyper-développées, ces illuminés écrivaient un livre assassin, le Lectio letalis. Le policier voulait tout comprendre, tout connaître de cette incroyable secte. Malheureusement, la seule personne capable de satisfaire sa curiosité était aussi celle dont le manuscrit avait mystérieusement poussé trois personnes au suicide. Elle avait beau clamer son innocence, Anna Jeanson demeurait la principale suspecte.

D’un commun accord, ils cherchaient des outils afin de couper la chaîne en acier trempé. Gabriel tenait son bras replié sur son torse. De temps en temps, pris de vertiges, il s’appuyait sur elle. La jeune femme lui paraissait bien frêle pour supporter de tels secrets. Anna ironisait à propos du SIG Sauer, qu’elle avait glissé dans son jean :

— J’imagine qu’une balle de neuf millimètres pour sectionner des menottes, ça ne marche qu’au cinéma…

Gabriel ne parvenait toujours pas à reconnaître l’endroit où ils s’étaient réfugiés. Et pourtant, il lui rappelait quelque chose. Des plafonds hauts, de grandes fenêtres condamnées avec des planches, une immense cheminée en marbre, des rosaces, des moulures… Cette fille avait le chic pour vous perdre à côté de chez vous. L’absence de meubles, la présence d’un échafaudage, de bâches de protection et d’une épaisse couche de poussière évoquaient une maison bourgeoise en cours de rénovation. Autant dire qu’ils pouvaient se trouver n’importe où en Gironde.

— Tadam !

Sous une pile de vêtements tachés, Anna venait de dénicher une scie à métaux. Il faudrait une bonne vingtaine de minutes pour les désolidariser. Gabriel comptait bien exploiter ces derniers instants pour assembler les pièces du puzzle. La rupture des menottes allait être comme un top départ dans l’inconnu. Soit elle persistait à cacher la vérité et la violence serait inévitable, soit elle fournissait des explications recevables, et alors… Il devrait improviser.

Leurs poignets entravés étaient plaqués sur une caisse. Cette maudite chaîne refusait de rester en place. Les maillons roulaient sous la lame. Leur union risquait de durer plus longtemps que prévu. Anna s’échinait à scier d’une seule main. Gabriel se contorsionna pour tenter de l’aider. La douleur déferla le long de son bras, lui faisant passer l’envie de bouger. Leurs têtes se cognèrent par accident. Le choc rappelait celui de leur rencontre fortuite au service d’oxygénothérapie…

— Je ne suis pas responsable de l’incendie dans lequel ta mère a été brûlée…

— Je sais.



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