Le Visage de pierre by William Gardner-Smith

Le Visage de pierre by William Gardner-Smith

Auteur:William Gardner-Smith [Gardner-Smith, William]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Américaine, A_poster
Éditeur: Christian Bourgois
Publié: 1963-01-05T23:00:00+00:00


IV

« Tu es sûr que ça t’embête pas ? demanda Hossein.

— Bien sûr que oui. Pourquoi ça m’embêterait ? » répondit Simeon.

Mais il se sentit mal à l’aise en ouvrant la porte du Château Club. À présent, Simeon était membre de cette boîte de nuit privée où Babe l’avait jadis emmené, ce club où le patron avait viré les touristes américains trop bruyants.

Simeon s’était promené avec les quatre Algériens, Ahmed, Hossein et deux de leurs amis, Ben Youssef et Mohammed, quand en approchant du boulevard Saint-Germain il leur avait dit :

« Faut que je vous laisse. Le travail m’appelle. Je dois retrouver une danseuse française au Château Club, faire quelques photos pour un magazine.

— Le Château Club ? C’est quoi ? demanda Hossein.

— Un petit endroit avec des bougies où on joue des disques et où les gens s’amusent.

— Les danseuses sont toujours en retard, ça fait partie de leur métier. Qu’en dis-tu ? On t’accompagne et on te tient compagnie jusqu’à ce qu’elle arrive.

— Super. »

À son propre étonnement, Simeon se sentait mal à l’aise. Pourquoi ? La plupart des gens qui fréquentaient le Château étaient des snobs ridicules, mais Simeon aimait bien l’idée d’être membre à part entière, simplement afin de montrer que, pour une fois dans sa vie, il pouvait l’être ; c’était le genre de club sélect où il n’aurait jamais été admis aux États-Unis. Pourquoi n’y avait-il pas invité Ahmed et Hossein plus tôt ? Comment se faisait-il qu’il dînait toujours avec eux au Tournon, place de la Contrescarpe ou dans le quartier arabe, mais qu’il n’ait jamais même pensé à les inviter dans un restaurant chic ou un café à la mode ? Compte tenu de la misère des Algériens, était-ce parce qu’il avait honte de leur dévoiler le côté frivole de sa propre existence ? Ou était-ce encore pire que cela ?

Jean-Claude, le patron du club, lança un regard interrogateur à Simeon lorsqu’il entra avec les Algériens. Il y avait l’atmosphère enfumée habituelle, la musique forte et les couples qui dansaient à la lueur des bougies. L’ambiance se refroidit-elle soudain lorsque Simeon et ses amis firent leur apparition parmi les autres clients ? Robert, un serveur qui l’accueillait d’habitude avec un sourire, s’inclina gravement et attendit que Simeon eût dit : « Une table, s’il vous plaît », pour les emmener à l’écart, vers un coin isolé du club.

Simeon remarqua la désapprobation muette du serveur et il se sentit de retour à Philadelphie. Il regarda dans la salle et constata l’absence de la danseuse. Hossein avait eu raison. Le serveur se tenait raide comme un piquet, aussi impersonnel qu’un soldat, en attendant la commande de ses nouveaux clients. Café, demandèrent les Algériens. Il n’y avait pas de café. Eau de Vichy, alors. Simeon, quant à lui, commanda un gin tonic.

« Sympa, ce serveur », ironisa Hossein. Il sourit, mais se sentait nerveux – tout comme Ben Youssef et Mohammed. Posté près de la porte, Jean-Claude les observait d’un air méfiant. Les Français et



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