Le trône de Satan by Graham Masterton

Auteur:Graham Masterton [Masterton, Graham]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Non lu, Fantastique
Éditeur: Pocket
Publié: 2012-02-16T16:52:20+00:00

6

SIGNAUX D’ALARME

Sur le chemin d’Escondido, j’ai laissé la radio branchée sur la chaîne d’informations KOGO 6. Je voulais entendre quelque chose de normal, de réel. Je voulais savoir que le monde continuait de tourner, là-dehors, autour de ma demeure de Rancho Santa Fe et de l’hôpital des Sœurs de la Charité.

— Vous êtes sûr d’avoir vu ce visage ? me demanda David. Vous ne vous laissez pas tromper par votre anxiété ?

Je lui jetai un regard glacial.

— Eh bien, dit-il, dans ce cas, je continue de croire qu’il nous faut remettre en question tout ce que nous voyons et ressentons. Sinon, nous devrons lutter aussi contre notre propre esprit. La panique est mauvaise conseillère.

Je jetai un coup d’œil dans le rétroviseur et mit le clignotant pour dépasser un bus asthmatique rempli de terrassiers mexicains. L’autoroute se dressait devant nous, montant vers l’intersection de Del Mar, puis replongeant à nouveau en une rivière infinie de points rouges sur fonds de ténèbres.

Avais-je vraiment vu ce visage ? Les portes de l’ascenseur s’étaient ouvertes au moment même où j’apercevais l’homme-serpent, et les infirmières et les internes s’écoulèrent dans le hall avant que je puisse décider lequel d’entre eux avait emprunté les traits du démon. Mais même si j’avais reconnu le bon interne et lui avait couru après, je me serais sans doute aperçu qu’il était tout à fait normal et n’avait pas la moindre idée de ce que je lui voulais. Le fauteuil m’avait déjà ridiculisé dans la chambre de Jonathan. Je ne voulais pas me retrouver interdit de séjour à l’hôpital.

— Après notre rencontre avec Jessop, dis-je, je vais rentrer chez moi. Je veux savoir si ce fauteuil y est retourné… Ou s’il a décidé de nous laisser tranquilles pour un temps.

— Je viens avec vous, répondit David. Mais à moins de lui faire face et de l’affronter avec les rituels idoines, il ne vous abandonnera jamais.

— Écoutez-vous ! On croirait entendre parler le fauteuil lui-même.

— C’est ce qu’il vous a dit ?

Je hochai la tête.

— Il refuse de faire sortir Jonathan de son coma, et il ne me laissera jamais, pas tant que je refuse ce qu’il veut m’offrir.

— Et vous n’avez toujours pas trouvé quelle peut être cette offre ?

— Je n’en ai pas la moindre idée. Mais à vrai dire, je n’ai pas vraiment cherché. Ce fauteuil est si maléfique que je ne peux concevoir qu’il puisse exiger de moi quelque chose qui ne soit pas illégal, ou immoral, ou tout simplement homicide.

David y réfléchit.

— Vous voulez devenir riche, n’est-ce pas ? me demanda-t-il.

— J’aimerais être un peu plus fortuné que je ne le suis, mais pas plus que la moyenne des gens. En d’autres termes, je ne brûle pas d’envie de devenir multimilliardaire.

— Y a-t-il une antiquité à laquelle vous teniez particulièrement ? Un objet fabuleux que vous ne pourriez jamais seulement rêver de posséder ?

Je haussai les épaules.

— J’ai toujours eu envie de la commode « Diane et Minerve » de la maison Harrewood, en Angleterre. Savez-vous que Chippendale n’en a demandé que deux cent dix dollars ? Mais au fond, je vis très bien sans.

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