Le témoignage du pendu by Granger Ann

Le témoignage du pendu by Granger Ann

Auteur:Granger, Ann [Granger, Ann]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782823823745
Éditeur: 10-18 Grands détectives
Publié: 2016-06-01T22:00:00+00:00


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Le cabanon était situé tout en bas du jardin, caché derrière des buissons. Alors que nous approchions, je humai l’atmosphère et il me sembla détecter une odeur de pipe. Nous contournâmes l’obstacle végétal pour découvrir un garde en uniforme, vraisemblablement l’agent Beck, qui se tenait les mains croisées derrière le dos. Un peu plus loin, se trouvaient deux hommes en pleine conversation. Le premier, qui avait le maintien et l’apparence d’un bouledogue, devait être Morgan ; le second – les effluves de tabac l’avaient déjà trahi – était le Dr Croft. En revanche, il n’y avait nulle trace du bedeau. Beck parut soulagé en voyant le sergent.

— Allez vous poster devant le portail, lui ordonna Hepple. Et faites en sorte que ces chenapans ne reviennent pas.

Je tendis la main à Morgan en me nommant. Après m’avoir salué, il voulut me présenter le Dr Croft.

— L’inspecteur Ross et moi-même, nous nous connaissons, l’interrompit le médecin. Eh bien, Ross, nous ne nous attendions sans doute pas à nous retrouver si vite !

Devant cette situation inattendue, Morgan fronça les sourcils, aussi m’empressai-je de l’éclairer :

— Une affaire m’a amené à rendre visite au docteur il y a quelques jours. En effet, docteur, je n’aurais pas cru vous revoir, et encore moins en de telles circonstances !

— Le corps est là-dedans, indiqua Morgan avec une pointe d’impatience.

Morris, Morgan, le docteur et moi-même nous massâmes à l’intérieur de la minuscule resserre. Un établi de bois occupait presque tout l’espace. On l’avait débarrassé des pots en terre cuite qui s’y trouvaient, que l’on avait déposés pêle-mêle sur le sol. Deux ou trois avaient été cassés et répandaient leur contenu de terre et de boutures. J’imaginais sans peine la réaction du jardinier quand il découvrirait ce qu’il était advenu de son patient labeur. L’abri contenait également des outils, faux, bêches, fourches et tout ce qui s’ensuit. D’épaisses toiles d’araignée pendaient sous le toit, et l’une de leurs occupantes nous observait depuis le coin où elle se terrait, guettant ses proies.

Mais un tueur d’une autre espèce avait frappé avant elle. Le corps de la femme gisait dans sa robe sombre sur l’établi. Elle était éclairée par la lumière qui tombait d’une petite lucarne. La mort confère parfois de la dignité, voire de la sérénité, à certains visages. Cependant, c’est malheureusement peu fréquent pour les victimes d’un destin violent. Même dans sa jeunesse, Rachel Sawyer n’avait sans doute jamais été une beauté, ou ne serait-ce que passablement attirante. Avec ses sourcils épais, son nez grumeleux et sa peau grenue, la figure que j’avais sous les yeux était si quelconque qu’elle en devenait presque laide. La resserre aurait constitué un décor inapproprié pour tout autre défunt, mais Rachel Sawyer était morte comme elle était née, dans un environnement laborieux qui lui convenait. Sa bouche entrouverte révélait sa langue pressée contre ses dents supérieures. Elle avait les yeux vitreux et protubérants, le teint blême, et ses cheveux grisonnants étaient en désordre. J’écartai avec soin quelques mèches pour lui dégager l’oreille. Le lobe était percé, mais sans ornement.



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