Le siècle de Louis XIV by Jean-Christian Petitfils

Le siècle de Louis XIV by Jean-Christian Petitfils

Auteur:Jean-Christian Petitfils [Petitfils, Jean-Christian]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
Publié: 2015-11-14T23:00:00+00:00


L’honneur de servir

Ces « chimères », ces « riens » sont calculs. Combinés, ils forment une politique. Louis XIV a imposé son code à ses familiers. Assiduité et discipline sont nécessaires pour gagner la bienveillance du roi. Mais servir est le plus sûr moyen d’ajouter à ses grâces « idéales » des faveurs authentiques. Car, contrairement à la légende inspirée par Saint-Simon, lui-même démissionnaire de l’armée en avril 1702, à la veille de la guerre de Succession d’Espagne, et sans fonction à la cour, Versailles n’est pas le refuge de l’oisiveté. Les contemporains ne s’y trompaient pas : « Jamais, écrit Primi Visconti de Louis XIV, l’oisiveté n’a eu d’ennemi plus redoutable. » Le roi n’a pas métamorphosé la haute noblesse en simple aristocratie de parade : il lui a redonné le sens du service. Ainsi, les offices de la Maison du roi ne sont pas des sinécures. Dès son avènement, Louis XIV a supprimé nombre de charges inutiles et retranché des commensaux en surnombre. Les principaux d’entre eux sont des chefs de service occupés et responsables. Leurs départements – chambre, bouche, écurie… – exigent application et sens des responsabilités. La mécanique de la cour, son ordre, son faste dépendent de leur zèle. Beaucoup exercent parallèlement d’autres fonctions astreignantes, un gouvernement de province ou un commandement dans les armées de Sa Majesté.

Les officiers de la maison militaire ne se contentent pas davantage de faire manœuvrer des gardes d’honneur aux chatoyants uniformes : ils assurent la sécurité de la famille royale dans le palais et en voyage. Les réductions d’effectifs et la suppression de compagnies réalisées, sous prétexte d’économie, par les ministres de Louis XVI affaibliront dangereusement la protection des souverains et désarmeront la cour à la veille des événements révolutionnaires. Dans la Maison du roi ou à la tête des troupes réglées, les seigneurs sont invités à servir. Les guerres sont ainsi jalonnées de combats où l’impôt du sang n’est pas un vain mot. Après la bataille de Seneffe, le 11 août 1674, on pleure tant de fils, de frères, de pères à la cour que « sans le Te Deum et quelques drapeaux portés à Notre Dame, écrit Mme de Sévigné, nous croirions avoir perdu le combat ». « Tous les jours, enchaîne Madame Palatine après Malplaquet (11 septembre 1709), nous voyons arriver des officiers qui marchent avec des béquilles […]. On n’entend que des choses attristantes. » Le Journal de Dangeau, les Mémoires de Sourches, témoins oculaires, s’apparentent souvent à d’interminables nécrologes.

Si le roi n’exige pas que l’on soit tué au combat, il requiert la bravoure de ses officiers. Servir est en effet le devoir de chacun. Louis XIV récompense le mérite, accélère ou freine les carrières selon ce critère. Sans doute favorise-t-il quelques-uns de ses amis, plus courtisans que guerriers, et un familier de Versailles entame plus rapidement qu’un hobereau sa carrière militaire. Encore que tarder à partir en campagne ou en revenir le premier, ce soit encourir un blâme. Abandonner le service vaut la disgrâce. En démissionnant trop tôt, le duc de Saint-Simon s’est condamné lui-même.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.