Le Scandale by Pierre Bost

Le Scandale by Pierre Bost

Auteur:Pierre Bost [Bost, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: littérature française
Google: b41IjgEACAAJ
Éditeur: Gallimard
Publié: 1931-11-14T23:00:00+00:00


* * *

CHAPITRE XIV

LES JEUNES CHIENS

Pendant ce temps, Lorraine était chez Jaco, dans ce bar de Montparnasse où, un soir, Pierre et Simon l’avaient attendu, pleins d’espoir. Il était accoudé au comptoir d’acajou, et parlait avec son voisin. Celui-ci, c’était Simon Joyeuse, assis sur un tabouret et qui, d’un peu haut, soutenait sans peine le regard de Lorraine, en s’étonnant encore de ce qui venait de se passer.

Au moment où il avait quitté le Soleil, abandonnant Pierre et ses amis, comme il sortait de la porte-tambour, Simon s’était heurté contre Lorraine ; il l’avait fort bien reconnu, et comme, après s’être excusé, il poursuivait son chemin, Lorraine l’avait rejoint et abordé avec une grande courtoisie.

« Excusez-moi, Monsieur. Est-ce que je parle bien à monsieur Joyeuse ?

— Oui, Monsieur.

— Nous nous sommes rencontrés chez Jaco, n’est-ce pas ? avec notre ami Pierre Silvanès ?… Hugo Lorraine. »

Simon, un peu surpris, et secrètement flatté que Lorraine l’eût reconnu, sentait vaguement qu’il avait pris brusquement un avantage sur Hugo. La rencontre l’amusait, et la cordialité de Lorraine l’intriguait. Il prit un air très froid pour répondre :

« En effet, Monsieur. Nos relations ne sont pas allées plus loin. J’ose dire que ce ne fut pas par ma faute. »

Il ajouta :

« Ni par la faute de mon ami Silvanès.

— Qu’en savez-vous ? »

La réponse avait porté. Lorraine sourit.

« Nous pouvons causer un moment, si vous n’êtes pas trop pressé.

— Je ne demande pas mieux. Mais si vous préférez voir Silvanès, il est là-dedans, je viens de le quitter.

— Vous êtes jaloux ? demanda Lorraine d’un ton sec qui laissa Simon interdit. »

Il se dressa sur la pointe des pieds, et regarda pardessus le rideau l’intérieur de la brasserie.

« Je vois, dit-il. Il est avec toute la petite famille. Aucun intérêt. Mais, dites-moi, le petit Paul Sixt était avec vous ?

— Oui.

— Je les croyais fâchés à mort. C’est donc raccommodé. Un de ces jours ils s’enverront des gifles.

— Pourquoi cela ?

— Vous m’en demandez trop. Ce sera peut-être à cause de moi. Sait-on jamais ? Alors ? Vous m’accompagnez ? »

Ils prirent un taxi et se firent conduire chez Jaco. Lorraine fumait un cigare très court qui marquait l’ombre du taxi d’un petit disque rouge. Quand il aspirait une bouffée, on voyait s’éclairer une bouche épaisse aux dents solides et régulières, encadrée de deux rides profondes, qui accentuaient les sourires, mais donnaient au visage, lorsqu’il était au repos, une expression amère. Lorraine était enveloppé d’un pardessus beige clair, qui descendait très bas sur ses jambes ; il était ganté de peau jaune. « Attention, pensa Simon. Ne nous laissons pas éblouir. » En même temps, il se félicita d’être, se soir-là, aussi bien habillé qu’il pouvait l’être, et proprement rasé.

« J’aurais voulu vous rencontrer plus tôt, dit Lorraine. Vous ne venez donc jamais voir votre ami, au Fauteuil ?

— Rarement.

— Vous savez qu’il y a eu certainement entre nous un malentendu, à l’époque où Pierre m’a parlé de vous.

(Tiens ! pensa Simon. Il



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