Le sauveur by Jo Nesbo

Le sauveur by Jo Nesbo

Auteur:Jo Nesbo [Nesbo, Jo]
La langue: eng
Format: epub
Tags: Policier - Crime - Mystère
Éditeur: Gallimard
Publié: 2012-04-01T15:59:23+00:00


CHAPITRE 17

Vendredi 19 décembre

Le visage

L’horloge murale au-dessus du comptoir de la grande pharmacie indiquait neuf heures et demie. Assis en rang d’oignon le long des murs, des gens toussaient, fermaient des yeux ensommeillés, ou regardaient alternativement les chiffres digitaux rouges sous le plafond et leur numéro d’ordre dans la file d’attente comme s’il s’agissait de leur billet de loterie, et à chaque coup de clochette un nouveau tirage au sort.

Il n’avait pas tiré de numéro, il voulait juste rester assis près des radiateurs de la pharmacie, mais il avait le sentiment que sa veste bleue attirait l’attention, car les employés avaient commencé à s’intéresser à lui. Il regarda par la fenêtre. Par-delà la brume, il devina les contours d’un soleil pâle et sans forces. Une voiture de police passa. Ils avaient des caméras de surveillance, ici. Il devait continuer son chemin, mais où ? Sans argent, il était chassé des bars et cafés. À présent, il n’avait même plus de carte de crédit. La veille au soir, il avait décidé qu’il devait malgré tout retirer de l’argent, même s’il risquait de se voir pister. Il était parti en balade nocturne de Heimen, et avait fini par trouver un DAB à bonne distance. Mais l’automate avait purement et simplement bouffé sa carte sans rien lui donner en échange, hormis la confirmation de ce qu’il savait déjà : ils le cernaient, il était de nouveau assiégé.

*

La salle pratiquement vide du Biscuit baignait dans le son des flûtes de Pan. C’était la période tranquille suivant le lunch et précédant le dîner, Tore Bjørgen s’était donc installé près de la fenêtre d’où il contemplait rêveusement Karl Johan. Non parce que la vue lui évoquait quoi que ce fût de particulier, mais parce que les radiateurs étaient placés sous les fenêtres et qu’il avait l’impression de ne jamais pouvoir avoir assez chaud. Il était de mauvaise humeur. Il devait passer chercher son billet d’avion pour Le Cap dans les deux jours, et il venait de s’avouer ce qu’il savait depuis longtemps : il n’avait pas d’argent. Quelle que fût la quantité de travail qu’il fournissait, la monnaie semblait s’évaporer. C’était bien sûr le miroir rococo qu’il avait acheté pour l’appartement à l’automne, mais il y avait également eu trop de champagne, de poudre et d’autres divertissements onéreux. Non qu’il ait perdu le contrôle, mais pour être parfaitement honnête, il était temps de sortir du cercle vicieux de la poudre pour faire la teuf, des cachets pour dormir et de la poudre pour avoir la force d’effectuer suffisamment d’heures supplémentaires afin de financer ses mauvaises habitudes. Et pour l’heure, il n’y avait plus un fifrelin sur le compte. Ces cinq dernières années, il avait passé Noël et le jour de l’an au Cap au lieu de rentrer à la maison, à Vegårdshei, pour retrouver l’étroitesse religieuse, les accusations muettes de ses parents et le dégoût mal dissimulé de ses oncles et cousins. Il échangeait trois semaines de froid insoutenable, d’obscurité lugubre et d’ennui contre du soleil, de belles créatures et une vie nocturne trépidante.



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