Le Roi Fantôme (The Sundering: Warhammer Fantasy t. 2) (French Edition) by Gav Thorpe

Auteur:Gav Thorpe [Thorpe, Gav]
La langue: fra
Format: azw3
Éditeur: Black Library
Publié: 2020-05-01T00:00:00+00:00

TREIZE

La Chute de la Maison Anar

Sous le couvert de la nuit, les vestiges de l’armée Anar se replièrent vers l’est et les montagnes pour réaliser que d’autres druchii leur barraient la route. Obligés de bifurquer vers le sud, Alith marchait en titubant au côté de ses guerriers, trop effrayé pour repenser à ce qui venait de se dérouler et trop fatigué pour se demander ce qui les attendait maintenant. C’était comme s’il marchait en dormant et posait mécaniquement un pied devant l’autre.

Avec les druchii sur leurs talons, les lieutenants d’Alith guidèrent à nouveau l’armée vers l’ouest dans le but de se réfugier dans le marais Noir. Vingt-trois jours durant, ils se cachèrent dans les cours d’eau, s’éparpillant comme une volée de moineaux lorsqu’ils entendaient les battements d’ailes du dragon et ne voyageant que de nuit. Tous voulant éviter la poursuite, l’armée se fragmenta en compagnies et chacun finit par filer de son côté. Certains se perdirent dans le marécage, d’autres s’égarèrent trop au sud et finirent par être capturés par les druchii patrouillant le long du Naganath.

Ceux qui restèrent près d’Alith survécurent, mais certainement pas grâce aux actions ou décisions de leur prince, trop heureux de s’en remettre aux conseils de Khillrallion et Tharion, entre autres. Les guerriers commencèrent à s’imaginer qu’Alith avait perdu l’esprit et n’étaient sans doute pas loin de la vérité. Il était comme pris dans un cauchemar éveillé, incapable de se défaire de la vision de la mort de son père. Il revoyait sans cesse Eothlir tomber sous la lance de Kheranion, sentait la puanteur mortelle du dragon et se répétait l’ultime ordre de désespoir de son père.

Finalement, les druchii relâchèrent la pression et les survivants reprirent la direction de l’est, vers Elanardris. Épuisés, affamés et abattus, ils errèrent deux jours de plus dans la brume du marais. Cette nuit-là, ils dressèrent le camp au sud de l’endroit où ils avaient combattu l’armée d’Anlec, mais aucun guerrier n’osa se rendre sur le champ de bataille, de peur de ce qu’ils risquaient d’y découvrir.

À l’aube, on vit de la fumée s’élevant des montagnes, à l’est. Il ne s’agissait de toute évidence pas des simples volutes de feux de camp, mais de véritables colonnes de fumée noire qui s’élevaient au-dessus des contreforts pour produire une sorte de linceul. Tout cela ne présageant rien de bon, Alith et l’armée se précipitèrent vers le soleil levant.

Peu avant midi, ils atteignirent le premier village incendié. Les murs blancs des maisons étaient tachés de suie, et on y distinguait des cadavres déformés et carbonisés. On avait enfermé les habitants avant de mettre le feu aux bâtiments. Ils découvrirent d’autres corps sur la route, atrocement mutilés. Des lambeaux de peau écorchée ornaient les murets qui délimitaient les champs et des guirlandes d’os et de chair pendaient aux branches des arbres.

Alith poursuivit sa route et les horreurs se succédèrent. Des corps dénudés cloués aux pierres noircies de tours et de granges. Des têtes d’enfant plantées au bout de tiges de rosiers comme pour en remplacer les fleurs.

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