Le Promeneur de chèvres by Francine Ruel

Le Promeneur de chèvres by Francine Ruel

Auteur:Francine Ruel
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Libre Expression


15

La semaine suivante, Henri fut très heureux d’entendre sur sa boîte vocale qu’il pourrait recueillir au dépanneur du village, qui servait également de gare d’autobus, un colis qui lui était adressé. Gilles reçut le même message sur son cellulaire. Le jeudi à 16 heures, la vieille voiture d’Henri se rangea près du dépanneur au moment pile où l’autobus en provenance de Montréal se stationnait. Les deux hommes se dirigèrent vers la soute à bagages où ils purent récupérer, parmi les sacs des voyageurs, les paquets qui leur étaient personnellement adressés. Ils s’éloignaient de l’autobus, les bras chargés d’envois plus volumineux qu’à l’accoutumée, lorsqu’une voix les interpella.

— Vous êtes sûrs de rien oublier?

Gilles et Henri se retournèrent comme un seul homme. Janie se trouvait devant eux.

— Janie? Qu’est-ce que tu fais là? s’écria le jeune homme en revenant sur ses pas.

— Au moment de déposer les paquets à la gare, je me suis dit: pourquoi je n’irais pas les porter moi-même?

Gilles l’embrassa affectueusement, ravi de la retrouver. Henri s’approcha à son tour.

— Tiphaine? Tiphaine de Tricornot?

— Non, Pachou. C’est Janie…

Cette dernière interrogea Gilles du regard. D’un signe de tête, il lui fit comprendre qu’il lui donnerait des explications plus tard.

— Voyons, Pachou. C’est notre Janie. Janie-les-gâteaux-au-chocolat!

Le vieil homme donna l’impression de revenir soudainement sur terre et l’embrassa avec enthousiasme, tout en faisant attention de ne pas trop secouer son colis, dont il connaissait le contenu.

— Vous allez être obligés de me prêter un pyjama, par exemple. Je n’ai rien avec moi. Et je dois repartir demain, travail oblige.

Une fois dans la voiture, elle raconta que la grande ville l’épuisait, surtout en cette saison. Elle avait envie de voir les nouvelles pousses et les arbres fruitiers en fleurs.

— Et puis, je vais pouvoir fêter ton anniversaire.

— C’est ton anniversaire! Quand ça? s’inquiéta Henriquet. Comment ça se fait que je ne sais pas ça? Personne ne me dit jamais rien.

— C’est… ben… c’est aujourd’hui.

— Oh! Encore une fête! s’écria le vieil homme en applaudissant l’événement à venir.

Janie put admirer le nouveau potager, qui, en plus d’avoir fière allure et d’être fort pratique, donnait, par ses semis déjà mis en terre, des signes de belles promesses. Les tomates cœur de bœuf et les tomates cerises, les radis, concombres, courgettes ainsi que les haricots extra-fins Piccini, quelques rangs de petits pois et une grande variété de laitues – romaine, frisée, feuille de chêne, radicchio, niçoise, roquette et mâche – se partageaient l’espace de plantation. Lors de la visite des nouvelles installations, Henri expliqua à Janie que les légumes racines reprendraient l’espace qu’ils occupaient dans le passé.

— Gilles a mis les légumes plus fragiles ici. On ne risque pas de se les faire ebats, ceux-là.

Janie fit signe à Gilles qu’elle ne comprenait pas.

— Adresse-toi au véritable Basque. Moi, je suis né ici et je connais deux, trois mots, c’est tout.

— Ça veut dire «voler» dans la langue hiztegia, la langue basque, traduisit Henri.

— Ça ne doit pas être facile à apprendre… mais c’est tellement chantant et



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