Le Premier Chant du monde by Jean-Claude Derey

Le Premier Chant du monde by Jean-Claude Derey

Auteur:Jean-Claude Derey [Derey, Jean-Claude]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Mind & Spirit, Shamanism, Travel, Essays & Travelogues, Biography & Autobiography, General
ISBN: 9782081397828
Éditeur: Arthaud
Publié: 2017-05-01T22:00:00+00:00


— Aux temps anciens, le chaman voyageait sans effort dans les trois mondes pour récupérer les âmes kidnappées ou enfuies. Quand un être mourait, si l’âme refusait de quitter la terre, le chaman psychopompe devait l’accompagner dans le monde d’en bas.

— Et aujourd’hui ?

— L’âme n’est plus du ressort du chaman. Il a terriblement perdu en puissance et pouvoir.

— Avez-vous sauvé d’autres âmes ?

— Oui. Celle de ma sœur aînée. J’entretenais avec elle des relations étroites. Très intelligente, elle aurait pu devenir une grande personnalité si elle avait suivi l’université. Mais cela se passait en d’autres temps où l’école n’était pas accessible à tout le monde. Ma sœur avait une bonne expérience de la vie. Elle était bouddhiste et dévote. Une rude travailleuse, très courageuse. Elle était à l’image de la reine Manduhai, honorée par tout le peuple mongol au XVe siècle pour sa sagesse et sa clairvoyance. D’une grande richesse spirituelle, elle aimait assister à mes rituels, dans ses plus beaux vêtements, aux trois endroits privilégiés : la Rivière et la Montagne sacrées, l’Arbre maternel. Un jour, elle fut frappée d’une maladie incurable. Elle s’accrocha à la vie durant les dix années suivantes, mais usa sa force spirituelle dans ce combat inégal contre le mal, jusqu’au moment où son état devint alarmant. Trop faible pour tenir debout, elle dut s’aliter. Sa famille vivait à Altanbulag, dans la province de Selenge. Le jeune et habile docteur Batmunkh qui la visitait tous les jours, nous prévint : il ne pouvait plus rien pour elle. Ses jours étaient comptés. Elle ne passerait pas la semaine. Il me paraissait vital qu’elle puisse encore vivre après la Lune blanche, Tsaagan Saar, qui est notre nouvelle année mongole. Je décidai de l’aider à prolonger sa vie jusqu’au printemps. Je fis un rituel dans sa yourte, rappelai l’âme enfuie avant de lui prescrire une médecine traditionnelle. Graduellement, ses symptômes disparurent, elle obtint un regain de force et de santé. Après cette victoire, j’effectuai une nouvelle cérémonie pour conserver son âme, à l’abri du corps. C’est un rite très difficile. Elle tint bien le choc. Six mois passèrent. Je me sentais soulagé. J’avais accompli tout ce qui était en mon pouvoir. Un jour, je dus m’absenter. Elle s’en alla avant mon retour. J’avais fait du bon travail. Ma sœur avait vécu six mois de plus et avait eu le bonheur de passer le Nouvel An en famille.



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