Le populisme de gauche by Manuel CERVERA-MARZAL

Auteur:Manuel CERVERA-MARZAL [Cervera-Marzal, Manuel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Sciences humaines et sociales
Éditeur: La Découverte
Publié: 2021-08-03T00:00:00+00:00

… et renouvellement

Les méthodes de l’éducation populaire, jugées plus chaleureuses et efficaces que le militantisme traditionnel, étaient en germe au Parti de gauche. Elles ont gagné en importance à la FI en raison du lobbying de la Coopérative citoyenne, une association qui promeut l’usage des outils de l’« éduc pop’ » au sein des partis politiques. Ses objectifs sont les suivants : partir des problèmes concrets des gens, susciter un désir d’action, encourager la créativité, privilégier l’empowerment, développer une capacité d’écoute. La coopérative est composée d’une dizaine d’amis issus essentiellement du Parti de gauche.

Son action au sein de la FI se déploie dans de nombreuses directions. La coopérative prodigue des conseils auprès des groupes d’action, elle organise des ateliers de formation à la méthode Alinsky et aux enquêtes de conscientisation, elle intervient sous forme de conférences gesticulées aux universités d’été et elle conçoit les fiches du pôle « militer sans tracts ». Habituée à organiser des événements pour une trentaine de personnes, la Coopérative citoyenne s’est vu confier par la FI l’animation de la convention nationale tenue à Bordeaux les 8 et 9 décembre 2018. L’équipe de six formateurs a profité de cette occasion pour vanter ses méthodes auprès des 1 500 insoumis présents ce week-end-là dans une immense salle du Parc des expositions.

La même équipe a travaillé à la mise en œuvre d’« ateliers des lois », une des pratiques les plus originales des groupes d’action. L’atelier des lois condense plusieurs caractéristiques du militantisme insoumis. Il combine expertise et intelligence collective, utopie et pragmatisme, colère sociale et proposition législative. De quoi s’agit-il concrètement ? Gabriel Amard, coordinateur des « ateliers des lois » de la France insoumise, m’a expliqué leur fonctionnement durant plus d’une heure [34] . J’en résume ici l’essentiel. Une trentaine de militants se retrouvent pour rédiger une proposition de loi sur une thématique définie en amont : « sortie du nucléaire », « stop à l’habitat indigne », « lutte contre l’évasion fiscale » ou « éradiquons la pauvreté ». La réunion débute par un jeu du « brise-glace ». L’animateur de la soirée explique le principe : « Alors, pour faire connaissance, voilà ce que je vous propose. Moi je viens de la région Centre, donc je me positionne debout au milieu de la salle. Je vais maintenant vous demander d’en faire autant. Parlez entre vous, présentez-vous, afin de savoir d’où chacun est originaire, et répartissez-vous ensuite dans la salle : tous ceux du Nord ensemble, ceux d’Aquitaine également, de Bretagne, allez-y. »

Deuxième exercice : « Puisque nous sommes réunis ce soir pour rédiger une loi sur la sortie du nucléaire, regroupez-vous en fonction de votre fournisseur d’énergie. » Les personnes sont à nouveau obligées de discuter. Certaines découvrent qu’EDF n’a pas le monopole, et qu’il existe des coopératives d’énergie, ou des régies municipales de production d’électricité. Variante, plus osée : « Puisque nous sommes réunis pour rédiger une loi sur l’éradication de la pauvreté, voici un axe que je trace au sol. Je me positionne ici, qui correspond à 1 015 euros.

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