Le policier apache by Souvestre et Allain

Le policier apache by Souvestre et Allain

Auteur:Souvestre et Allain [Allain, Souvestre et]
La langue: eng
Format: epub
Tags: Policier, Fantômas
Éditeur: Fayard
Publié: 2012-02-12T16:09:13+00:00


20 – LE PRISONNIER DE LA SANTÉ

C’est l’heure où tout s’éveille dans la prison de la Santé. Devant la porte de la cellule de Juve, Hervé, son gardien habituel, semble hésiter.

Entrera-t-il ?

Il ne se décide qu’en entendant au fond du couloir le pas d’un gardien-chef, et la porte tourne lentement sur ses gonds.

D’ordinaire, en entendant le bruit de la clef dans la serrure, Juve s’éveille en sursaut et se dresse sur son lit.

Qu’arrive-t-il ? C’est la liberté, peut-être ?

Hélas ! chaque fois l’apparition de la figure assez peu sympathique du gardien le détrompe amèrement.

Mais, ce matin-là, le prisonnier ne sursaute pas. Juve dort et il pousse des gémissements, des cris plaintifs, prononce tout haut des paroles incompréhensibles, soulève un bras taché de sang.

Hervé s’est approché et se tient debout devant le lit.

Il ne semble pas marquer beaucoup d’étonnement en voyant l’état de son prisonnier, mais plutôt, il a l’air préoccupé d’un homme qui ne peut se résoudre à prendre un parti. Enfin, il secoue brusquement le dormeur, le soulève par l’épaule pour l’asseoir sur son lit et lorsque celui-ci, l’air encore égaré, se frotte les yeux, semble à peu près réveillé, il l’apostrophe :

— Qu’as-tu ? D’où vient ce sang ?

— Ce sang ? Où voyez-vous du sang ?

— Là, sur ton bras, sur ta chemise, sur ton drap.

— Mais je ne sais pas ! Je ne m’en étais pas aperçu. J’ai dû m’écorcher en remuant !

— Allons donc, c’est impossible ! Avec quoi ?

— Tenez, regardez, sur cet angle du lit, voyez cette tache de sang. Voilà sans doute où je me suis blessé.

— Tout cela ne me semble pas très clair. Habille-toi. Je dois avertir le directeur. Il verra…

***

— Monsieur le directeur, c’est pour vous faire savoir que j’ai trouvé le numéro 55 blessé dans sa cellule, ce matin, quand j’y suis allé.

— Le numéro 55 ! Mais c’est Juve, n’est-ce pas ! l’ancien policier ?

— Oui, monsieur le directeur.

— Est-ce grave ?

— Une petite déchirure sur le bras.

— Conduisez-le à l’infirmerie. Je vais m’y rendre dès que le docteur sera là.

Précisément, au même instant une sonnerie électrique se faisait entendre dans le cabinet. C’était le portier qui, par téléphone, prévenait M. Chaigniste que le docteur Du Marvier arrivait pour sa visite quotidienne.

Le directeur et le praticien trouvèrent Juve dans la salle de visite, assis sur un escabeau, se tenant la tête dans les mains et réfléchissant à la blessure qui lui semblait, malgré tout, difficilement explicable.

Le docteur lui tapa légèrement sur l’épaule.

C’était un petit homme tout rond, l’air jovial, le sourire perpétuellement sur les lèvres, respirant la gaieté, et qui devait guérir les malades rien qu’en leur montrant son visage réjoui. « Mon principal remède, avait-il l’habitude de dire, c’est le mot pour rire. »

— Eh bien, qu’est-ce qu’il y a donc ? Nous ne sommes pas content du régime, puisque nous nous livrons à des attentats contre notre personne ?

— Docteur, répondit Juve, je me passerais bien volontiers d’être l’hôte de M. Chaigniste, mais cependant je



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