Le pacte by Georges Montforez

Auteur:Georges Montforez [Montforez, Georges]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 1962-08-02T23:00:00+00:00

Simon dormit mal. L’aventure de Bruno le tourmentait jusqu’à l’exaspération. Il se leva avant le jour, souffrant d’une migraine lancinante. Il absorba deux comprimés d’aspirine et se prépara du café.

« Je veux éclaircir cette histoire », murmura-t-il. Et il lui apparut alors que la seule solution était de se rendre en Espagne dans la ville de Lopez, au risque d’être inquiété lui-même, mais il acceptait ce risque comme le prix de sa paix.

Il but lentement son café très chaud, tout en réfléchissant au moyen de recueillir sur place et avec le maximum de discrétion les renseignements qui lui étaient nécessaires. Anna descendit.

— Déjà ! remarqua Simon en la saluant.

— Je ne dormais plus. Je vous ai entendu. Etes-vous souffrant ? ajouta-t-elle en montrant le tube d’aspirine.

— Une légère migraine.

— Vous êtes préoccupé ?

— C’est vrai.

Elle repoussa les deux verres posés sur la table depuis la veille, s’assit et dit simplement :

— Si cet homme est dans l’embarras, il faut l’aider.

— Vous savez ?

— J’ai surpris par hasard quelques mots en fermant la fenêtre de Serge quand vous étiez assis dans le jardin.

— En ce cas, il faut que vous sachiez que cet homme est Bruno, un ami aussi de votre frère Nicolas.

— Vous devez l’aider.

— Je l’aiderai.

— On l’accuse d’un crime qu’il n’a pas commis et il se croit poursuivi. Est-ce bien ainsi ? (Simon approuva d’un signe.) Il demande votre protection mais vous n’êtes pas libre… Parce que je suis là.

— Ne croyez pas cela. Cette maison est vôtre, Anna.

— Songez que s’il lui arrivait malheur, vous ne vous le pardonneriez jamais.

— Je ferai en sorte que tout se passe bien pour lui, je ne sais pas comment. C’est difficile. Je pense que son cas est très sérieux.

— Simon.

— Oui.

— J’ai oublié de vous dire, commença-t-elle – et il observa qu’elle ne le regardait plus et que sa main jouant avec un verre vide tremblait un peu – je serai obligée de me rendre à Paris incessamment pour ce qui concerne mon divorce.

— Vous cherchez une raison de partir pour lui laisser la place.

— Un divorce, poursuivait-elle les yeux baissés, cela nécessite beaucoup de papiers, de formalités, et le nôtre est assez particulier puisqu’il intervient après douze ans de séparation. Mon absence ne sera d’ailleurs pas longue. Je reviendrai ensuite avec Serge jusqu’à la fin de l’été.

— J’espérais tant passer ce mois de juillet avec vous… surtout cette année, s’entendit-il murmurer.

— Pourquoi cette année ?

— Je ne sais pas, c’est un fait : j’ai désiré ces vacances encore plus que les précédentes. (Il eut soudain l’air très malheureux.) Je crois que j’étais particulièrement impatient de revoir Serge, dit-il encore pour se justifier.

— Pourquoi ne restez-vous pas deux ou trois mois ?

— À la réflexion, ce n’est pas impossible. Je me crois retenu par ce commerce mais il marche aussi bien sans moi. Ce serait agréable de vivre là jusqu’en septembre. Il faudra que je décide Stef à venir. Je voudrais bien que vous fassiez sa connaissance.

— Je le connais déjà.

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