Le mythe du grand silence by Azouvi François

Le mythe du grand silence by Azouvi François

Auteur:Azouvi, François [Azouvi, François]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire et Roman historique, Kobo, +++++++, Nazisme
ISBN: 9782213673059
Google: o4x0hoODM2QC
Éditeur: Fayard
Publié: 2012-09-12T13:55:36+00:00


II

La guerre des Six-Jours

Rupture ou aboutissement ?

On ne peut en effet qu’être frappé par la vitesse avec laquelle les commentateurs politiques trouvent sous leurs plumes toutes les analogies permettant de mesurer les événements du Moyen-Orient à l’aune de ceux de la période hitlérienne. Rappelons quelques faits. 16 mai 1967 : après des semaines de crise et de mobilisation des armées, Nasser demande le retrait des Casques bleus installés à la frontière israélo-égyptienne ; le 18, U Thant, le secrétaire général de l’ONU, s’exécute ; et le 23, le président égyptien décrète la fermeture du détroit de Tiran aux navires israéliens. « Le drapeau israélien ne passera pas devant nos frères installés désormais à Charm el-Cheikh. Si Israël nous menace d’une guerre, notre réponse sera : “Faites-la donc” », dit Nasser aux pilotes égyptiens. C’est que le blocus d’Elath constitue pour les Israéliens, Nasser le sait, un casus belli. Or, dès le 24 mai, L’Aurore et Le Figaro évoquent, l’un, « un nouvel holocauste », l’autre, « ce qui s’est passé en Europe entre 1934 et 1939 ». Ces évocations du nazisme ne surgissent évidemment pas de nulle part : elles sont induites par les déclarations répétées des dirigeants arabes et particulièrement celles du président de l’OLP, Ahmed Choukeiry, lequel dit volontiers qu’« en cas de conflit, il ne restera pratiquement pas de survivants juifs ». Mais le fait est qu’elles éveillent aussitôt un souvenir précis qu’elles n’auraient pas ressuscité si vite s’il n’avait été immédiatement disponible.

Il n’y a pas lieu d’être étonné qu’en Israël le souvenir du génocide ait été promptement réactivé. Un pays peuplé de survivants des camps ne pouvait guère faire autrement que d’associer la menace actuelle au souvenir de l’extermination. Aharon Appelfeld l’a bien dit : « les fantômes étaient de nouveau sortis de leurs abris », « de nouveau étaient évoqués les noms de lieux qu’on avait tus pendant des années », « on reparlait de convois, de rafles, de trains et de forêts »618. Ben Gourion ne surprenait aucun Israélien lorsqu’il disait : « Personne ne peut oublier la Shoah que les nazis nous ont infligée, et si certains souverains arabes, à la tête desquels le souverain égyptien, rappellent nuit et jour qu’il faut exterminer Israël […], ne dédaignons pas alors la gravité de ces déclarations619. »

Mais en France, l’aisance dont témoignent Juifs et non-Juifs pour mobiliser instantanément tout le répertoire métaphorique du génocide et de la Seconde Guerre mondiale ne peut que nous confirmer dans l’idée non seulement que rien n’était enfoui, mais que tout était même extraordinairement présent. Pascal Pia, dans Le Journal du Parlement (27 mai), l’écrit d’ailleurs très clairement : « Quoique les exterminations de Juifs par les nazis remontent à plus de vingt ans, le souvenir en est resté assez vivace dans le monde pour qu’un gouvernement occidental ne ressente pas un peu de gêne à prendre parti contre Israël. » Que La Terre retrouvée titre le 27 mai : « Munich, c’est la guerre… », ne nous surprendra pas.



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