Le monstre de kalabara by Margaret Mayo

Le monstre de kalabara by Margaret Mayo

Auteur:Margaret Mayo [Mayo, Margaret]
La langue: fra
Format: epub
Tags: - Divers
Publié: 2012-10-03T21:30:52+00:00


5

Comme sous l'effet d'un coup de fusil, la jeune fille tressaillit, se rejeta en arrière, les yeux agrandis par l'appréhension.

— Je ne vous ai pas fait mal, n'est-ce pas ?

— Bien sûr que non, bon Dieu ! Mais je ne suis pas un monstre dans un cirque... Vous étiez attirée malgré vous, hein ? Vous vouliez voir si mes cicatrices étaient aussi repoussantes au toucher qu'à la vue ?

Elle frissonna, s'accroupit sur ses talons.

— Je ne suis pas horrifiée le moins du monde !

Elle avait envie de le prendre dans ses bras pour le réconforter, le rassurer : ses blessures ne l’empêchaient pas d'être un homme d'une puissante séduction, et aucune femme digne de ce nom ne pouvait le considérer autrement.

— Je ne veux pas non plus de votre pitié, lui lança-t-il. Ce serait pire encore. Jake et quelques autres ont commencé par là ; maintenant, ils n'y prêtent plus attention, et je vous conseille de faire comme eux, si vous tenez à travailler en bonne harmonie avec moi.

— Vous ne m'inspirez aucune pitié. A vous entendre, on croirait qu'en vous regardant, on ne voit que vos cicatrices, on ne pense qu'à elles. Eh bien, vous vous trompez, je peux vous le dire. Elles sont visibles, certainement, mais on les oublie vite. Avec une personnalité comme la vôtre, Larry, vous pourriez être l'homme le plus laid de la terre sans perdre pour autant ce que bien d'autres hommes aimeraient posséder. Mais, si votre aspect vous tourmente à ce point, pourquoi ne pas vous laisser pousser la barbe... ou bien avoir recours à la chirurgie esthétique ? Dans les yeux de Larry, la colère se fît plus intense.

— Je ne vous ai pas demandé votre avis. Merci d'avoir gâché cette journée, Susi. J'avais cru vous faire plaisir. J'aurais dû avoir plus de bon sens.

Il se leva d'un bond, entreprit de rassembler le matériel pour recharger la voiture. II passa ensuite son pantalon noir, son tee-shirt blanc, se retourna enfin vers la jeune fille.

— Vous êtes prête ? Sinon, je vous laisse ici. Je n'en perdrai pas le sommeil.

Pétrifiée, elle avait observé ses activités ; elle aurait voulu l'aider, mais ses membres se refusaient à tout mouvement. Subitement prise de frissons, elle enfila la robe abandonnée sur le sable par Larry, comme s'il ne pouvait se résoudre à la toucher. Ses jambes raidies l'amenèrent jusqu'à la voiture. Dès sa première rencontre avec cet homme, elle l'avait jugé dangereux. Il n'avait pas changé. Chacune de ses paroles la transperçait violemment.

La voiture gravissait maintenant la route en lacets. Susi retournait sans cesse une question dans sa tête : quelle sorte d'homme allait devenir Larry Elliott, s'il continuait à se torturer ainsi ? Sans doute était-elle la première personne à lui avoir parlé aussi brutalement, mais sans le moindre résultat. Il lui en voulait quand elle le regardait et il avait été absolument furieux lorsqu'elle l'avait touché. C'était la faute d'Alison, se dit-elle. Si elle n'avait pas repoussé Larry, il aurait fini par accepter son visage ravagé.



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