Le Miroir des âmes by Feuz Nicolas

Auteur:Feuz, Nicolas [Feuz, Nicolas]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller
Éditeur: Éditions Slatkine
Publié: 2018-09-10T04:00:00+00:00

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Norbert Jemsen et Flavie Keller avaient quitté le périmètre interdit de la place des Halles pour rejoindre les locaux du Ministère public, loin des festivités qui battaient leur plein, à l’est de la ville. Ils y passèrent le reste de l’après-midi.

Pendant que sa greffière ressortait des archives les dossiers des disparitions non élucidées, le procureur s’était plongé dans l’unique dossier que contenait le coffre-fort du greffe. Les données qu’il contenait ne justifiaient pas en soi son caractère secret.

Succincte, la première page était une ordonnance d’ouverture d’instruction visant un certain Robert Balla, alias Berti et, sans plus de précisions, des inconnus. Le document mentionnait plusieurs articles de loi.

Art. 182, 195, 200 et 260ter CP.

Jemsen interpella Flavie.

— Qu’est-ce que ça veut dire ?

Elle lut l’ordonnance, puis soupira.

— C’est vous, le juriste. Pas moi.

Elle prit une édition du code pénal dans une bibliothèque murale et la tendit au procureur. Il l’ouvrit et rechercha à quoi correspondaient les articles. Ils concernaient le trafic d’êtres humains et l’encouragement à la prostitution commise dans le cadre d’une organisation criminelle.

— Flavie, que savez-vous au sujet de Robert Balla ?

— Berti ? Tout Neuchâtel connaît Berti. C’est une ordure que la police et la justice n’ont jamais réussi à coincer. Dès son arrivée en Suisse il y a une dizaine d’années, on l’a soupçonné de trafics en tout genre. Héroïne, cigarettes, alcool, armes, jeux clandestins et j’en passe. Il n’a jamais été arrêté. Aujourd’hui, les rumeurs disent que son salon de massages serait une façade pour blanchir l’argent du trafic de drogue. Mais c’est comme pour les échoppes à kebab ou les bars à chicha qui poussent comme des champignons. Ce sont des soupçons invérifiables.

Jemsen parcourut une série de notes téléphoniques, sans texte. Elles ne mentionnaient qu’une date, le prénom du contact et un numéro étranger à treize chiffres. Pas de texte, ni de transcription.

— Qui est Florent ?

La greffière lut à son tour et écarquilla les yeux.

— Je ne sais pas. Je vous rappelle que vous ne m’avez jamais montré ce dossier, ni parlé de son contenu avant aujourd’hui.

— Vous ne l’avez jamais ouvert en douce ?

— Jamais.

— Pourquoi ?

— Parce que vous me faites confiance et que c’est le plus important pour moi. Jamais je ne trahirai votre confiance.

La réponse de Flavie plut à Jemsen, même s’il n’était pas plus avancé.

— Et Florent P., ça vous dit quelque chose ?

— Florent P. ?

— Oui. Son nom de famille doit commencer par un P.

— D’où tenez-vous cela ? Je ne vois pas ce nom dans les notes téléphoniques.

— De ma mémoire.

Les yeux de Flavie s’illuminèrent.

— Les souvenirs vous reviennent ?

— Au compte-gouttes.

— Vous n’auriez pas dû sortir de l’hôpital. Je suis sûre que c’était trop tôt. Vous avez entendu les médecins ?

— Je les emmerde.

Cette grossièreté surprit la greffière. Elle n’avait pas l’habitude d’entendre jurer le procureur. Elle voulait lui faire une observation, dire quelque chose, mais Jemsen ne lui en laissa pas le temps. Il lui montra une photo.

— Et elle, vous la connaissez ?

En voyant la femme, le cœur de Flavie fit un bond.

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